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Contexte : Les médecins ne sont pas en meilleure santé que le reste de la population, et sont même plus sujets à certaines pathologies, dont la dépression et les addictions. L’auto-prescription médicamenteuse (APM), autorisée en France, est répandue. Les risques inhérents à cette pratique sont connus, plusieurs pays l’ont réglementée. Objectifs : étudier le comportement des médecins généralistes en matière d’APM, recueillir leur opinion quant à la pertinence d’une réglementation. Méthode : Etude qualitative par entretiens semi-directifs auprès de 11 médecins généralistes, avec un échantillonnage basé sur des critères d’âge, de sexe, de lieu et type d’exercice. Résultats : Les médecins sont souvent les acteurs exclusifs de leur prise en charge médicale. Ils ont un ressenti global de bonne santé, mais reconnaissent négliger leur suivi, et pratiquent l’APM régulièrement. Il existe une hiérarchisation des médicaments, variable selon les médecins. Le type de médicament, les notions de gravité, de chronicité, le manque de temps, influencent l’APM. La compétence médicale est un argument récurrent pour la justifier. Le statut de médecin malade est difficile à assumer, les rapports confraternels sont complexes, ce qui renforce le comportement auto-prescripteur. Une réglementation partielle semblerait pertinente, mais ne réglerait pas le problème du suivi. Conclusion : Les limites de l’APM sont variables selon les médecins. Les rapports à la maladie et aux confrères tiennent une place importante dans ce constat. La réglementer pourrait favoriser une meilleure prise en charge médicale, mais d’autres mesures seraient nécessaires pour permettre une amélioration globale de la santé des médecins.