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Objectif: Le trouble dépressif majeur (TDM) est très fréquent avec un faible taux de rémission. Cependant il existe peu de biomarqueur fiable du pronostic. Les résultats des études antérieures de neuroimagerie ont montré l’existence d’anomalies structurales significatives dans les régions clés impliquées dans la régulation émotionnelle et cognitive (en particulier l'amygdale, l'hippocampe et le cortex cingulaire antérieur) chez les patients atteints de dépression. Certains auteurs ont également étudié le lien entre la variation de volume de matière grise (MG) et la prédiction de la réponse au traitement dans la dépression (TRD) et mis en évidence des anomalies structurales dans plusieurs régions, mais avec des résultats peu concordants en raison de l’hétérogénéité des méthodes (définition TRD, population, techniques d’analyse des images). Le but de notre étude est d'identifier les anomalies de volume de MG dans les régions impliquées dans le pronostic de la dépression. Méthode: Dans cette étude prospective naturaliste, nous avons comparé les données cliniques et morphologiques à l’inclusion (volumes de MG) entre 2 groupes constitués suivant le score CGI-I à 6 mois: 22 patients dans le groupe répondeur (CGI-I ≤ 2) et 28 dans le groupe non répondeur (CGI-I> 2). Une analyse optimisée en voxel-based morphometry (VBM) a été appliquée aux images cérébrales IRM. Les seuils ont été fixés à p <0,05 avec une correction de comparaison multiple déterminée par la simulation de Monte Carlo. Résultats: En comparaison avec les patients répondeurs, les non-répondeurs ont une diminution significative du volume de MG dans le thalamus (thalamus gauche: x = -19, y = - 21, z = 6; t = 4.16, thalamus droit: -15, z = 10; t = 3.54), le lobe frontal droit et le lobe limbique droit et une augmentation significative du volume de MG dans le cervelet bilatéral (x = 36, y = -56, z = -41; = 4,39). Tous les résultats ont été corrigés pour les effets âge, sexe et volume intracrânien total. Le groupe non répondeur présentait, à l’inclusion, des scores d'anxiété plus élevés sur la HAM-A (27,2 vs 20,53; p = 0,039). Conclusion: En plus de leur rôle dans la physiopathologie dans la dépression, nos résultats mettent en évidence l'implication des lobes frontaux et limbiques et surtout du thalamus et du cervelet dans le pronostic de la maladie dépressive. En accord avec nos résultats cliniques d’anxiété et les études précédentes, ces observations suggèrent l’implication de ces structures dans la sévérité du syndrome dépressif, probablement en participant à la valence anxieuse de la maladie.