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L'objectif de ce travail est (1) d'étudier les relations existant entre déformation, érosion et sédimentation et (2) de quantifier les bilans érosion – sédimentation dans un rift continental en domaine tropical : le rift Albert, localisé au nord de la branche ouest du Rift est-africain. Cette étude consiste en une triple analyse de la déformation, du remplissage sédimentaire (biochronostratigraphie, sédimentologie et stratigraphie séquentielle) et des formes du relief (géomorphologie) basée sur l'interprétation de données de subsurface et d'affleurement. Un modèle d'âge des sédiments a été obtenu en combinant données biostratigraphiques, corrélations séquentielles et courbes de variations des paléoprécipitations. L'analyse sédimentologique a permis de caractériser (1) la source des sédiments et (2) le milieu de sédimentation qui consiste en un lac pérenne profond (<100 m) alimenté par des dépôts de crues, sans cônes alluviaux significatifs. Couplée à l'analyse des formes du relief, cette étude sédimentologique permet reconstituer l'évolution du bassin et de sa déformation: (1) 55-45 Ma : formation de latérites correspondant à la Surface africaine; (2) 45-22 Ma : dégradation de la Surface africaine à la faveur d'un début de surrection du dôme est-africain et formation d'une pédiplaine dont le niveau de base est l'Océan atlantique; (3) 17-2.5 Ma : initiation du bassin du Lac Albert aux alentours de 17 Ma et création de niveaux de base locaux auquel s'adaptent trois pédiplaines correspondant chacune aux trois dépocentres (Lacs Albert, George et Edward) – la surrection du dôme est-africain se poursuit; (i) 17 à 6.2 Ma : stade bassin « flexural » (vitesse de subsidence : 150-200 m/Ma ; vitesse de sédimentation : 1,3 km3/Ma entre 17 et 12 Ma et 0,6 km3/Ma entre 12 et 6 Ma) – les dépôcentres (localisés au sud) sont peu contrôlés par des failles; (ii) 6.2 à 2.5 Ma : stade rift 1 (vitesse de subsidence : > 500 m/Ma jusqu'à 600-800 m/Ma; vitesse de sédimentation : 2,4 km3/Ma) – paroxysme d'activité du rift; (4) 2.5-0.4 Ma : surrection de la Ruwenzori et changement de type de système alluvial à l'incision d'un réseau de drainage - stade rift 2 (vitesse de subsidence : 450 à 250 m/Ma; vitesse de sédimentation : 1,5 km3/Ma); (5) 0.4-0 Ma : flexuration initiation de la dépression du Lac Victoria, inversion du réseau de drainage et création de l'escarpement. La mesure du bilan-érosion sédimentation montre des ordres de grandeur identiques, avec, entre 17 et 2,5 Ma, un excès de matériel érodé (22 000 km3) par rapport aux sédiments déposés (19 000 à 18 000 km3). De 16%, cette différence de volume peut s'expliquer par la forte érosion chimique qui prévaut durant cette période, laquelle est péjorée par la différence de nature des argiles entre le bassin versant (kaolinites) et le bassin (smectites dominante), la néoformation de smectites à partir de kaolinites requérant des apports d'éléments disponibles dans les solutions issues de l'altération chimique des roches.