L’innovation, qu’elle soit de rupture ou incrémentale, est un élément crucial dans le progrès de la science odontologique et détermine l’exercice tel qu’on le connaît aujourd’hui. La dentisterie actuelle a considérablement évolué par rapport à celle d’il y a 50 ans. L’objectif de ce travail est d’identifier les principales innovations qui ont transformé ou amélioré la pratique clinique au cours de ces cinq dernières décennies. On étudiera également la diffusion des innovations dans l’exercice afin d’avoir un aperçu global du processus impliqué dans leur adoption. Pour cela, une analyse bibliographique et une étude qualitative avec une analyse thématique d’un corpus de onze entretiens semi-directifs ont été réalisées. Ceux-ci ont été menés auprès de praticiens ayant plus de 20 ans d’expérience. Les principales innovations identifiées dans la littérature sont l’imagerie numérique et la tomographie volumique à faisceaux coniques (CBCT), les systèmes adhésifs et les résines composites, les instruments rotatifs en nickel titane, les techniques de la conception et de la fabrication assistée par ordinateur, les implants ostéo-intégrés en titane, les instruments ultrasoniques et les biomatériaux de régénération pour les traitements parodontaux, les ancrages osseux orthodontiques et les gouttières d’alignement transparentes. L’étude qualitative retrouve les mêmes innovations que celles identifiées par l’analyse de la littérature. Elle a également mis en évidence les mécanismes impliqués dans la diffusion et l’intégration d’une innovation dans la pratique clinique. Au-delà des caractéristiques propres à l’innovation, il existe des facteurs psycho-socio-économiques qui influencent la prise de décision des praticiens concernant l’adoption d’une nouvelle technologie. Cette prise de décision peut aujourd’hui être guidée suivant la démarche de la médecine bucco-dentaire fondée sur la preuve, mais aussi à travers une formation continue ciblée.