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Introduction : Les tumeurs adipeuses sont les tumeurs les plus fréquentes des tissus mous avec un diagnostic entre lipome et tumeur lipomateuse atypique (TLA) qui reste une question sensible et parfois complexe, avec une prise en charge chirurgicale différente. Le diagnostic repose actuellement sur une confirmation de l’amplification du gène MDM2 par hybridation in situ en fluorescence (FISH). Pour les sarcomes des tissus mous mesurant plus de 5 cm il est recommandé de réaliser une microbiopsie préopératoire mais cette limite de 5 cm doit être nuancée pour les tumeurs graisseuses devant la fréquence des lipomes de grande taille. L’objectif de notre travail est ici d’évaluer la place de la microbiopsie dans les lésions graisseuses des membres et des parois et de préciser l’intérêt des outils diagnostiques complémentaires et la FISH en particulier. Matériels et méthodes : Entre 2012 et 2019, toutes les microbiopsies de tumeur graisseuse des membres ou des parois réalisées au CHU de Rennes ont été enregistrées avec comme consigne une biopsie systématique de toutes les lésions sous fasciales de plus de 5 cm et des cas atypique de lésions superficielles (taille ou autre). Les tumeurs ont été classées selon leur profondeur (sus ou sous fascial), leur diagnostic (lipome, TLA ou autre liposarcome (LPS)), leur taille (<5 cm, de 5 à 10 cm et >10 cm) et leur localisation (parois, membres supérieur/ inférieur et proximal/distal). La concordance entre les diagnostics sur biopsie et pièce opératoire a été vérifiée. Les résultats de l’immunohistochimie (IHC) MDM2 et de la FISH ont été analysés et comparés. Résultats : Sur les 268 tumeurs biopsiées, 21,5% étaient localisées en sus fascial et toutes étaient bénignes. Parmi les 78,5% des tumeurs adipeuses profondes, 77,4% étaient des lipomes, 15,4% étaient des TLA et 5,3% étaient des LPS autres. Toutes les lésions profondes <5 cm étaient des lipomes. 25,6% des LPS mesuraient entre 5 et 10 cm. Les tumeurs >10 cm comprenaient 74,4% des LPS dont 79% de TLA. L’augmentation de la taille tumorale était associée à une augmentation du risque de malignité (p<0,0001). Le seuil de 7,2 cm a été proposé comme critère de taille pour la microbiopsie avec une sensibilité de 90,48%. 86% des LPS étaient situés au niveau du membre inférieur et 88,4% au niveau proximal : le membre inférieur proximal était une localisation associée à un haut risque de LPS (p<0,0001). La concordance diagnostique entre biopsie et pièce opératoire était de 95%. L’IHC MDM2 était moins sensible (sensibilité à 91,67%) que la FISH pour la recherche de l’amplification de MDM2. La FISH a permis de redresser 13 diagnostics pour les tumeurs profondes. Conclusion : Dans ce travail, la microbiopsie des tumeurs adipeuses superficielles des membres et des parois ne semble pas indispensable. Pour les tumeurs graisseuses profondes, la microbiopsie des lésions inférieures à 5 cm n’a pas montré d’intérêt alors que les lésions supérieures à 10 cm justifient un examen histologique préopératoire. La microbiopsie semble indiquée pour les tumeurs profondes entre 7 et 10 cm du membre inférieur proximal. Pour les autres localisations, la biopsie est à envisager au cas par cas avec prise en compte des critères radiologiques et des rapports anatomiques avec les éléments nobles. L’analyse par FISH est un critère fiable et nécessaire pour le diagnostic des tumeurs adipeuses profondes.