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Les phycotoxines, métabolites secondaires produits par certaines espèces phytoplanctoniques, peuvent s’accumuler dans la chair des coquillages filtreurs et provoquer des intoxications chez l’homme suite à leur consommation. Pour certaines toxines dites lipophiles, les données épidémiologiques ont souligné divers symptômes, en particulier intestinaux. Cependant pour d’autres, aucun impact n’a été documenté chez l’homme malgré une toxicité avérée chez le rongeur. Par ailleurs, les études de toxicité intestinale in vitro disponibles ont utilisé seulement des modèles cellulaires en monocultures ne prenant pas en compte l’unité fonctionnelle du système intestinal, en particulier la présence du système nerveux entérique. Ainsi, ce travail s’est attaché à mieux prendre en compte la diversité cellulaire intestinale à l’aide des lignées cellulaires représentatives des entérocytes (Caco-2), des cellules à mucus (HT29-MTX) et des cellules gliales (EGC) pour évaluer la toxicité de 6 phycotoxines : acide okadaïque (AO), pecténotoxine-2 (PTX2), yessotoxine (YTX), azaspiracide-1 (AZA1), spirolide-C (SPX) et palytoxine. Hormis la SPX, toutes les toxines ont montré une cytotoxicité sur les EGC avec une diminution de la viabilité et l’augmentation des marqueurs gliaux : GFAP, iNOS et S100β, médiateurs surexprimés lors d’un stress par les EGC. Sur le modèle de co-culture Caco-2/HT29-MTX, la YTX et l’AZA1 ont montré une légère toxicité avec une diminution de la viabilité et de la perméabilité. En plus, avec l’AO et la PTX2, on observe une réponse inflammatoire et une légère augmentation de la production de mucus. L‘effet toxique de l’AO et de la PTX2 ciblerait d’avantage les HT29-MTX que les Caco-2. En tri-culture, la présence d’EGC accentue la toxicité de la PTX2 alors qu’au contraire, elles protègent les cellules épithéliales de la toxicité de l’AO. Il semblerait que l’augmentation de GDNF et de BDNF par les EGC, gliomédiateurs renforçant les fonctions de la barrière intestinale, soient impliqués dans cette protection. Les résultats de ce projet apportent des données complémentaires pour l’évaluation du danger de phycotoxines. Ils soulignent le rôle joué par d’autres cellules que les entérocytes sur la réponse toxique engendrée par ces toxines.