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Introduction : Les anti-TNF sont à ce jour les thérapeutiques les plus efficaces dans le traitement des MICI. Cependant les effets indésirables nombreux et parfois sévères, l’observance contraignante et leur poids économique important motive parfois leur arrêt pour les patients en situation de rémission. Le manque de données scientifiques ne permet pas de prédire le devenir de ces patients à l’arrêt du traitement. L’objectif de cette étude était ainsi de déterminer le risque de rechute ainsi que d’identifier les facteurs de risques y étant associés, chez les patients en rémission d’une MICI et ayant arrêtés leur traitement anti-TNF. Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique, ayant inclu tous les patients ayant arrêté leur anti-TNF, dans le cadre d’une rémission et pendant la période de recueil (de 2007 à 2014). Résultats : 58 patients ont été inclus dans cette étude. La durée moyenne de la maladie était de 6,3 ans pour la MC et de 6,4 ans pour la RCH. Les traitements antérieurs étaient composés de 3 classes thérapeutiques : les corticoïdes (52 % des patients), le 5ASA (36 % des patients) et les antimétabolites (55 % des patients). Douze des 58 patients ont bénéficié d’une chirurgie antérieure. La durée moyenne des traitements anti-TNF dans la MC était de 22,8 mois contre 16,8 mois pour la RCH. 50 patients ont bénéficiés d’un traitement immunosuppresseur associé à l’anti-TNFα et dans 92 % des cas il s’agissait d’un antimétabolite. La totalité des patients était en rémission clinique et la durée moyenne de cette période était de 38,7 mois pour la MC et de 32,5 pour la RCH. L’analyse de survie a permis de mettre en évidence un risque supérieur de rechute non significatif dans les groupes suivants : CRP>5mg/L, hémoglobine<13.5g/L, globules blancs <6000 M/L, tabagisme actif, pas de chirurgie antérieure, pas de traitement antimétabolite à l’arrêt de l’anti-TNFα. Après la période de rémission, 53,4 % des patients ont rechuté et pour 13,8 % d’entre eux il s’agissait d’une rechute sévère. Dans 30,9 % des cas de rechute, un traitement anti-TNFα a été repris, principalement l’infliximab (64,7 % (N =11)). Ce traitement était efficace chez 88.2% des patients et dans tous les cas bien toléré. La médiane de survie sans rechute était plus faible pour la RCH (environ 33 mois) que pour la MC (environ 43 mois). Conclusions : cette étude permet de conclure sur le caractère imprévisible des rechutes et donne des indices sur l’éventuelle présence de facteurs de risques de rechute, qui pourront être objectivés de façon plus significative lors d’un travail futur avec un effectif plus important. L’ensemble de ces résultats est donc à considérer avec prudence. Cependant l’aspect concernant la bonne efficacité et la totale tolérance du traitement à la réintroduction est important à noter, même si une observation sur une population plus importante est nécessaire.