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L’aciclovir (ACV) est le traitement recommandé des encéphalites à Herpes Simplex Virus (EHSV) et Varicella Zoster Virus (EVZV), mais seul le délai d’administration dans les HSVE est bien identifié comme facteur de mauvais pronostic, et le pronostic fonctionnel des VZVE et autres encéphalites infectieuses (EI) semble différent. Matériel et méthodes : cette étude ancillaire de la cohorte prospective ENCEIF, ayant inclus les adultes avec encéphalite infectieuse en France entre 2016 et 2019, a comparé les caractéristiques cliniques et paracliniques de trois groupes : HSVE, VZVE et autres EI, et analysé l’utilisation en pratique de l’ACV. Des odds-ration ajustés sur les facteurs pronostics connus ont été calcutés pour estimer l’association du délai, de la durée et de la dose d’ACV avec le pronostic défavorable, défini comme un Glasgow Outcome Scale entre 1 et 3 (décès, état neurovégétatif ou séquelles majeures). Résultats : sur les 494 patients inclus, 132 avaient un EHSV, 65 une EVZE et 297 une autre EI. Les caractéristiques des patients étaient différentes dans les trois groupes notamment l’âge, l’immunodépression et le diabète (p < 0,05) qui semblaient plus fréquentes dans les EVZV ; ainsi que la présence de fièvre, céphalées et convulsions (p < 0 ,05) semblant plus fréquentes dans les EHSV. Les données d’imagerie et d’électroencéphalogramme étaient aussi différentes dans les trois groupes (p <0,05). L’ACV n’était administré que chez 81% des patients avec autre EI et chez tous les patients avec EHSV et EVZV, dès le premier jour chez 60% des patients avec HSVE. La dose de 15 mg/kg était utilisée chez 22% des patients avec EHSV et 60% des patients avec EVZV, et la durée médiane était de 21 jours pour les EHSV et 14 jours pour les EVZV. Un pronostic fonctionnel défavorable était observé dans 31% des cas d’EHSV et 18% des cas d’EVZV. Le délai d’administration d’ACV était associé au pronostic après ajustement dans les EHSV mais pas dans les EVZV où seule l’immunosuppression semblait associée au pronostic. La dose et la durée d’ACV n'était pas associée au pronostic dans les HSVE et VZVE. Conclusion : le pronostic semble plus défavorable en cas d’EHSV que d’autre encéphalite infectieuse, avec un traitement retardé après le premier jour chez encore 40% environ des patients, le délai étant associé au pronostic. La durée prolongée n’est en revanche pas protectrice. Dans l’EVZV, ni le délai d’administration, ni la dose, ni la durée ne semblent associés au pronostic.