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Afin d’améliorer les connaissances, jusqu’alors lacunaires en France, quant à l’évolution des paléoécosystèmes végétaux durant le Crétacé Inférieur, période fondamentale de leur histoire évolutive, il est ici proposé de dresser la première synthèse bibliographique, paléoenvironnementale, paléoclimatique, stratigraphique, et taxonomique des assemblages palynologiques continentaux du Crétacé Inférieur de France. Cette étude s’appuie sur l’analyse des palynoflores provenant de 20 sites français (principalement Charentes, nord du Bassin de Paris, et massifs subalpins), et de quatre sites d’Angleterre, dont l’âge des dépôts, pour la plupart continentaux, s’échelonne entre le Tithonien et le Cénomanien. L’observation de 120 échantillons a permis l’identification de 446 espèces correspondant principalement à des spores et à des grains de pollen, mais également à quelques kystes d’algues et de dinoflagellés. L’analyse morpho-statistique de spores verruquées rapprochées de la famille des Lygodiaceae, très abondantes au Crétacé Inférieur, a permis de caractériser plus précisément les caractères taxonomiques discriminants, dont l’application pourra, à terme, améliorer la résolution stratigraphique et paléoenvironnementale de ces espèces. L’évolution paléoenvironnementale et paléoclimatique inférée des observations palynologiques suggère l’existence de conditions arides à semi-arides durant la fin du Tithonien et le début du Berriasien (environnements de type sebkhas), suivies par un changement abrupt marqué par une phase humide prononcée au Berriasien supérieur et au Valanginien inférieur, puis par une diminution progressive de l’humidité du Valanginien moyen à l’Aptien (environnements de types plaines d’inondation, forêts humides). L’Albien et le Cénomanien sont caractérisés par un retour à des conditions généralement humides, cependant moins marquées qu’à la fin du Berriasien (environnements de types mangroves). Plusieurs phases d’aridification ont été notées entre le Berriasien supérieur et l’Albien supérieur : à la fin du Valanginien inférieur, au Barrémien supérieur/Aptien inférieur (généralisée à l’Europe de l’Ouest, mais peu marquée dans le nord de la France), et à moindre échelle durant l’Albien moyen au nord du Bassin de Paris. Les palynomorphes continentaux du Crétacé Inférieur n’étant pour la plupart pas considérés comme des marqueurs stratigraphiques fiables, deux méthodes de datation complémentaires s’appuyant uniquement sur les assemblages continentaux ont été développées, afin de faciliter la datation des dépôts continentaux. Leur validité a été testée sur des assemblages de référence d’Angleterre, et elles ont ainsi permis de préciser l’âge des dépôts d’Angeac (Charente) et du Pays de Bray (Normandie).