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L’espérance de vie à la naissance a quasiment doublé entre 1890 et 2019, passant selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) de 44 à 85,6 ans pour les femmes et de 41 à 79,7 ans pour les hommes. Selon un rapport de l’INSEE publié en début d’année, on dénombre au 01/01/2020 environ 13,4 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus en France, soit 21% de la population générale. La gériatrie, spécialité centrée sur la prise en charge du sujet vieillissant, a connu un essor important au début du XXIème siècle. L’offre de soins en psychiatrie s’est également adaptée, sur le même modèle que la gériatrie, afin de proposer des soins appropriés à la prise en charge des troubles psychiatriques de la personne âgée. Une filière de surspécialité a ainsi vu le jour, venant s’articuler avec les disciplines psychiatrique et gériatrique préexistantes : la géronto- psychiatrie. La géronto-psychiatrie fait l’objet d’une double stigmatisation, liée à l’âge et aux troubles psychiatriques présentés par les patients. L’image de la psychiatrie, bien qu’ayant évolué dans l’esprit collectif, peut encore de nos jours se révéler négative, voire même être un facteur de méfiance ou de frein dans le parcours de soins. Les représentations du métier de soignant en psychiatrie, élaborées à partir des représentations sociales et modulées par les formations professionnalisantes, sont elles aussi nourries de préjugés et de stigmates. Notre étude, portant sur 63 infirmiers diplômés d’Etat exerçant en EHPAD, montre que les opinions des infirmiers en EHPAD sur le métier d’infirmier en psychiatrie sont globalement négatives, et ce indépendamment de l’existence ou non d’une expérience professionnelle préalable dans le domaine de la Santé Mentale. Il apparaît nécessaire d’améliorer les relations entre EHPAD et services de soins hospitaliers psychiatriques. Des mesures comme la généralisation des formations et des réunions pluri- professionnelles favoriseraient la communication, le partage d’expériences et la modulation des représentations des métiers de chacun. Des campagnes de lutte contre la stigmatisation des soignants en psychiatrie, à destination de la population générale et des travailleurs médico-sociaux, pourraient être envisagées. Ces dernières viendraient compléter les actions déjà en cours, et contribueraient peut-être à la reformulation des représentations sociales et du métier de soignant en psychiatrie.