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En 2019 en France, il y a eu 254 000 séjours en soins intensifs. Ces séjours sont à l’origine de syndrome de stress post traumatique chez 25 à 44 % des patients dans les six mois après leur sortie du service. Plusieurs équipes ont cherché des solutions pour diminuer ces conséquences sur le long terme d’un séjour en réanimation. La communication, notamment lors des gestes invasifs, apparaît comme un élément clé de notre soin, qui ne peut être négligé dans les services de réanimation. Or, l’impact d’une formation à la communication thérapeutique du personnel d’une réanimation n’a pas encore ou très peu été évalué. Premièrement, notre attention s’est portée sur le ressenti des soins en réanimation via une étude observationnelle multicentrique réalisée entre juillet 2018 et juillet 2019. Les résultats montrent que les actes invasifs les moins bien vécus par les patients sont la ventilation non invasive, la pose de voie veineuse périphérique ainsi que la pose de sonde urinaire tandis que ceux cités par les soignants sont l’aspiration endotrachéale, la pose de sonde naso-gastrique et la pose de drain thoracique. Par ailleurs, la prise en charge de la douleur (8,3 ± 1,9 Versus 6,6 ± 1,5 ; p < 0,0001) et du confort (8,5 ± 1,7 Versus 6,8 ± 1,5 ; p < 0,0001) est significativement meilleure du point de vue des patients comparée à ce que pensent les soignants, ces derniers sous-estiment leur pratique. Une attention doit être portée sur les particularités et spécificités du patient à travers les gestes qu’il ressent, lui, comme les moins supportables afin d’améliorer son vécu. Il semble donc fondamental, avant un soin, de questionner le patient sur son ressenti lorsque cela est possible.
Secondairement, une étude prospective observationnelle de type avant-après a été réalisée dans le service de réanimation de chirurgie Cardio Thoracique et Vasculaire du CHU de Rennes. Le personnel a été formé à la communication thérapeutique lors de trois séances de deux heures. La satisfaction de la prise en charge des patients via le questionnaire de la Haute Autorité de Santé et le niveau de mal être des soignants ont été évalués avant et après cette formation. Il n’existe pas de différence significative concernant la satisfaction des patients, cependant leur perception d’inconfort est diminuée de manière significative (44,9 % avant contre 21,4 % après, p < 0,01). En ce qui concerne les soignants, leur score de déshumanisation est significativement inférieur après la formation (7,05 contre 4,5 ; p < 0,01) ; les scores d’épuisement professionnel et d’accomplissement personnel au travail ne sont eux pas différents de manière significative. L’étude réalisée ne permet pas d’améliorer significativement la satisfaction des patients déjà très élevée, mais l’impact d’une formation très courte à la communication thérapeutique semble positif.