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L’importante croissance démographique humaine à l’échelle mondiale s’accompagne d’une expansion des terres agricoles qui empiètent de plus en plus sur les habitats des animaux sauvages. La flexibilité comportementale des animaux est essentielle pour s’adapter rapidement à ces modifications de l’environnement. Pour de nombreuses espèces, cela implique notamment d’inclure des aliments cultivés dans leurs régimes. En raison des dommages que cela entraîne pour les agriculteurs, des conflits émergent entre humains et faune sauvage, entraînant parfois de graves répercussions pour les populations d’espèces menacées. Le magot (Macaca sylvanus) est un macaque en danger d’extinction dont les habitats sont de plus en plus affectés par des mutations agricoles et dont la persistance est menacée par les conflits avec les agriculteurs, qu’il est urgent de mitiger. Il est aussi essentiel, pour répondre aux menaces pesant sur l’espèce, de comprendre comment la démographie des populations est affectée par les variations de l’environnement, et d’avoir accès à des paramètres démographiques fiables pouvant être utilisés dans des programmes de conservation. Le premier objectif de cette thèse est donc de comprendre pourquoi et comment les magots adaptent leurs comportements en réponse à la présence de cultures dans leurs habitats, et face aux conflits avec les humains. Comprendre cela est essentiel pour développer des méthodes efficaces de mitigation des conflits. Cette thèse vise aussi à estimer des paramètres démographiques fiables de populations de magots, et à comprendre comment ils sont affectés par des variations naturelles de l’environnement. Ces paramètres sont ensuite utilisés pour construire un modèle de viabilité destiné à estimer les risques d’extinction d’une population à réintroduire dans une zone d’où l’espèce a disparu, dans le but d’en renforcer les effectifs globaux. Mes résultats, basés sur des observations d’une population vivant dans une zone agricole et de deux populations vivant dans des habitats préservés, montrent que les magots font preuve d’une remarquable flexibilité comportementale pour s’adapter à différents types de milieux. Dans la zone agricole, leur importante consommation d’aliments cultivés semble due à un manque de ressources naturelles lié à la forte dégradation de la forêt. L’emploi de gardes pour surveiller les cultures est efficace pour dissuader les magots d’y pénétrer. Dans les habitats préservés, la survie infantile, contrairement à la survie adulte, est fortement affectée par les variations environnementales, face auxquelles les populations font preuve de résilience démographique. L’analyse de viabilité offre des perspectives très encourageantes pour le succès de la réintroduction d’une population de magots. Ce type de réintroduction peut permettre de renforcer rapidement les effectifs de magots. Cependant, il est essentiel, en parallèle, de s’appliquer à protéger et restaurer les habitats actuels de l’espèce, et leurs connectivités. Pour que les méthodes de dissuasion d’exploitation des cultures soient efficaces, il est important de les combiner à une revalorisation de la productivité des habitats forestiers. Dans le contexte actuel d’expansion des zones anthropiques, la coexistence entre humains et faune sauvage s’impose comme une nécessité.