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Introduction : La maladie aortique sténosante, principalement liée à une dégénérescence calcifiante, est la valvulopathie primaire nécessitant le plus fréquemment une intervention dans les pays développés. Si la sténose est sévère et que les symptômes cardiovasculaires sont présents, le remplacement valvulaire aortique est indiqué, et une technique percutanée privilégiée quand le risque chirurgical est élevé. Une des principales questions après la procédure est de savoir si la performance du ventricule gauche s’est améliorée après la baisse de la postcharge élevée préexistante. Chez des patients ayant bénéficié de l’implantation percutanée d’une bioprothèse aortique (TAVI) et qui sont à plus de six mois de la procédure, l’évaluation non-invasive du travail myocardique (MW) via l’analyse des boucles pression-volume (PSLs) semble un outil prometteur de l’estimation de celui-ci. Méthodes : Il s’agit d’une étude observationnelle, transversale, monocentrique menée dans un centre de cardiologie interventionnelle. Les critères de sélection incluaient des patients porteurs d’un rétrécissement aortique serré symptomatique (gradient transvavulaire aortique moyen ≥40mmHg ou pic de vélocité ≥4m/s prouvé en échocardiographie), chez qui un TAVI a été réalisé avec succès, toujours en vie à plus de six mois de la procédure, et dont les boucles échocardiographiques préalables et juste après la procédure étaient disponibles dans le centre. Les données de suivi à long terme étaient recueillies lors d’une consultation dédiée, avec la mesure de la pression artérielle au brassard, l’électrocardiogramme de repos (ECG), l’analyse des résultats biologiques, et la réalisation d’une échocardiographie transthoracique de repos avec le post-traitement des boucles pression-volume. Résultats : Entre Mai 2020 et Août 2021, 126 patients consécutifs ont rempli les critères de screening, et 102 inclus dans l’analyse principale. L’âge moyen était de 85 ans, avec 45% de femmes, 68% d’hypertendus et 52% de coronaropathie connue. Près d’un patient sur cinq était préalablement porteur d’un rétrécissement aortique bas-débit bas-gradient et 4,9% avaient une amylose cardiaque prouvée. La consultation de suivi a été réalisée à 22 ± 9,5 mois après le TAVI. Aucun cas de dysfonction majeure sténosante ou fuyante de la bioprothèse n’a été rapporté. La FEVG est restée préservée (62 ± 8%), le strain longitudinal global s’est discrètement amélioré (-16.0 ± 3.62 vs -14 ± 3.71, p-value <0.0001). Aucune amélioration statistiquement significative n’a pu être objectivée concernant les paramètres du travail myocardique : index de travail myocardique global (LV GWI) 2099 ± 692mmHg% vs 2066 ± 706mmHg%, p-value 0.8671 ; efficience myocardique globale (LV GWE) 87.0 ± 5.66% vs 88.0% [83.0; 92.0], p-value 0.7502 ; travail constructif global (LV GCW) 2463 ± 736mmHg% vs 2463 ± 676mmHg%, p-value 0.8076 ; et travail myocardique perdu (LV GWW). Ce dernier aurait même tendance s’aggraver à long terme (247 [177; 394] mmHg% vs 214 [149; 357] mmHg%, p-value 0.0008). Conclusion : Dans une population de patients porteur d’un rétrécissement aortique serré qui a bénéficié d’un TAVI, les indices de travail myocardique évaluant la performance du ventricule gauche à long terme ne se sont pas améliorés. Comme la proportion de remodelage ventriculaire gauche après remplacement valvulaire était faible dans notre travail, ces résultats questionnent le délai de l’intervention et la nécessité d’un traitement médical notamment chez les sujets hypertendus.