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Introduction : La chirurgie de l’obésité est devenue le traitement de l’obésité et de ses complications en cas d’échec de 6 mois de traitement médical. Il existe actuellement peu de données sur les variables permettant de prédire le succès de la chirurgie de l’obésité, défini par une perte d’excès de poids d’au moins 50%. L’objectif principal de notre étude était de déterminer si le niveau de masse maigre préopératoire était associé au succès de la chirurgie de l’obésité. Les objectifs secondaires étaient de déterminer l’évolution de la composition corporelle à 1 an postopératoire d’une chirurgie de l’obésité, et de rechercher les facteurs prédictifs de succès à 1 an de la chirurgie. Méthodes : Tous les patients opérés d’une Sleeve gastrectomy (SG) ou Roux-en-Y Gastric Bypass (RYGBP) entre 2009 et 2015 et suivis dans l’unité de nutrition du CHU Rennes ont été inclus. Les données de composition corporelle mesurée par bioimpédancemétrie corporelle électrique (BIA) ont été recueillies rétrospectivement en pré-opératoire puis à 3-6 et 12 mois. Les données anthropométriques, psychiatriques et les complications de l’obésité étaient recueillies en pré-opératoire, puis à 1 et 3 ans. Résultats : 190 patients ont été inclus. L’échec de la chirurgie a été constaté chez 20,4% des patients. En analyse univariée, les facteurs associés à l’échec (négativement au succès) étaient le niveau de masse grasse, le diabète de type 2, l’hypertension artérielle (HTA), l’âge, et la SG. Le niveau de masse maigre sèche montre une tendance vers un succès de la chirurgie d’après l’OR non ajusté (OR 1,13 [1,00 ; 1,29]), bien qu’elle ne ressorte pas statistiquement significative. En analyse multivariée, le niveau de masse grasse (OR 0.97 [0.94 ; 0.99]), ou l’IMC (0.87 [0.81 ; 0.94]), le diabète de type 2 (OR 0.29 [0.09 ; 0.9]) et la SG (0.22 [0.08 ; 0.58]) étaient associés à l’échec (négativement au succès). Aucune association n’a été mise en évidence avec l’activité physique, le sexe, les antécédents psychiatriques, le HDL-cholestérol plasmatique ou la triglycéridémie. La chirurgie de l’obésité était associée à la rémission des complications avec diminution statistiquement significative de la prévalence : du diabète type 2, de l’HTA, des perturbations hépatiques, du syndrome d’apnées-hypopnées du sommeil (p < 0,05 pour tous). Conclusion : Le niveau élevé de masse grasse mesurée par BIA, ou les IMC élevés , l’obésité compliquée de diabète type 2 (ou d’HTA), et un âge élevé sont associés à l’échec de la chirurgie de l’obésité après un an de suivi. Le niveau de masse maigre n’était pas prédictif du succès de la chirurgie en analyse multivariée, mais cette tendance était observée en analyse univariée.