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Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont parfois complexes à prendre en charge, que ce soit dans l'initiation des soins que dans le maintien de ceux-ci. L'EMTCA (équipe mobile des troubles des conduites alimentaires) a été créée à Rennes, en partie, pour répondre à ces problématiques. L'objectif de ce travail en 2 études est de décrire le fonctionnement de ce dispositif, la population rencontrée et l'orientation donnée aux soins. Il a également pour but de mettre en évidence l'intérêt d'un lieu de référence pour les TCA afin d'améliorer la prise en charge globale. Étude descriptive : La première étude est observationnelle, descriptive, rétrospective, réalisée sur l'activité clinique de l'EMTCA d'octobre 2010 à décembre 2015. 473 dossiers ont été inclus, et concernent à 94,3% des sujets féminins. Les patients rencontrés présentent essentiellement des troubles anorexiques (34,9%) et des troubles mixtes (31,4%) et sont orientés par la psychiatrie (27%), la nutrition (25,7%), la médecine générale (10,6%), la médecine préventive (6,4%). Ces deux derniers adressent essentiellement des sujets anorexiques. Pour plus de la moitié, il n'y a pas de suivi en cours sur le plan somatique (53,4%) et sur le plan psychique (53,5%) au moment du premier rendez-vous. L'orientation des soins se fait rapidement, et est acceptée dans 77,2% des cas pour les soins somatiques, et 80% pour les soins psychiques. Le travail de dépistage des troubles des conduites alimentaires pourrait être à développer au niveau du réseau en amont. Étude comparative : La seconde étude est comparative, contrôlée, rétrospective, unicentrique (centre psychiatrique de Rennes) sur la même période. L'étude comparait 2 groupes de patientes diagnostiquées anorexiques ou boulimiques, ≥ 16 ans, suivies par les secteurs de psychiatrie : un groupe ayant au préalable rencontré l’EMTCA, et l'autre pas (groupe contrôle). La multidisciplinarité effective de la prise en charge était le critère de jugement principal. Les autres critères étaient l'existence d'un suivi somatique, le suivi du poids, la recherche de critères de gravité somatiques, l'implication de la famille, et l'évocation des dimensions professionnelles, occupationnelles, et d'autonomie. 13 dossiers ont été inclus dans le groupe avec intervention de l’EMTCA, et 34 dans le groupe contrôle. Aucune différence significative n'a été mise en avant, par un manque de puissance probable. Le critère principal concernant la multidisciplinarité de prise en charge montrait une différence qui était non-significative (p=0,11) entre le groupe avec intervention de l'EMTCA (n=10 (76,9%)) et le groupe contrôle (n=17 (50%)). Un travail de formation auprès des professionnels du centre de psychiatrie pourrait être bénéfique pour améliorer la prise en charge de ce type de patientes.