Voir le résumé
Objectif : Le rétrécissement aortique (RA) est reconnu comme facteur de risque de morbi-mortalité postopératoire au décours d’une chirurgie non-cardiaque. L’objectif de ce registre était de déterminer si la prise en charge péri-opératoire des patients porteurs ou suspects de RA et bénéficiant d’une chirurgie non-cardiaque, modifie le risque de survenue d’une complication à un mois postopératoire. Matériel et méthodes : Une analyse rétrospective de tous les patients porteurs d’un RA connu, ou chez qui un souffle systolique a été découvert au cours de la consultation d’anesthésie en vue d’une chirurgie non-cardiaque, a été effectuée sur une période de quatre ans (2011-2014) au CHU de Rennes. L’impact de la prise en charge péri-opératoire sur les principales complications postopératoires (survenue d’un événement cardiovasculaire majeur, et le décès à un mois postopératoire) a été étudié. Résultats : Après l’analyse de 306 dossiers, nous avons inclus 108 patients, parmi lesquels 40,7 % étaient porteurs d’un RA serré. À J30 post chirurgie, la mortalité était de 8,3 % ; les complications étaient réparties ainsi : 2 % des patients ont présenté un infarctus du myocarde, 9 % un syndrome coronarien aigu sans élévation du segment ST, 6 % un trouble du rythme supra-ventriculaire, 2 % un trouble du rythme ventriculaire, 9 % une insuffisance cardiaque congestive, 1 % un accident vasculaire cérébral et 1 % un arrêt cardiorespiratoire. La moitié des patients ont bénéficié d’une prise en charge chirurgicale en urgence. Ces patients présentaient significativement, plus d’épisodes d’insuffisance cardiaque congestive (15 % vs 4 %, p=0,04) et une durée d’hospitalisation prolongée (16,1 ± 14,7 vs 14,9 ± 21,4 jours, p=0,02), par rapport à ceux bénéficiant d’une chirurgie programmée. Une réévaluation échocardiographique récente (< 6 mois) du RA était retrouvée pour 59,3 % des patients. Chez ces patients, la mortalité et la survenue d’un événement cardiovasculaire majeur à J30 post-opératoire n’étaient pas différentes de celles des patients avec une échocardiographie plus ancienne. Peu de modifications de prise en charge ont été observées, tant sur le plan anesthésique (3,7 %) que sur le plan chirurgical (6,5 %). Parmi ces patients ayant bénéficié d’une modification de prise en charge, deux ont présenté une complication. Conclusion : Dans notre étude, la présence d’une réévaluation échocardiographique récente et les modifications de prise en charge péri-opératoire ne modifiaient pas la survenue de complications chez les patients porteurs d’un RA en postopératoire d’une chirurgie non-cardiaque programmée. Toutefois, la chirurgie urgente est associée à une augmentation d’épisodes d’insuffisance cardiaque congestive postopératoire et à une durée d’hospitalisation prolongée.