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Contexte et objectifs : La chimioembolisation lipiodolée (CEL) est un traitement validé du carcinome hépatocellulaire (CHC) non résécable, fréquemment associée à des effets secondaires biologiques ou systémiques. Des études ont suggéré l’efficacité de la dexaméthasone (Dex) pour prévenir certains de ces effets. Néanmoins, la plupart d'entre elles a été mené dans des populations atteintes de cirrhose d'étiologie virale. Notre objectif était d’évaluer l'efficacité de la dexaméthasone pour prévenir les effets indésirables associés à la CEL dans des populations européennes où l'étiologie alcoolique et métabolique de la cirrhose est prédominante. Matériels et méthodes : Nous avons réalisé une étude “quasi-expérimentale avant-après”. Tous les patients cirrhotiques ayant eu une CEL pour un CHC dans notre centre entre avril 2017 et avril 2021 ont été inclus. La Dex a été ajoutée à notre protocole à partir d'octobre 2019 (8mg par voie intraveineuse à J0 et J1, 4mg à J2) chez les patients non diabétiques. Les données cliniques et biologiques ont été recueillies à J0, J2 et S6. Les paramètres associés au traitement par Dex ont été étudiés par régression logistique. Résultats : 234 patients, soit 398 procédures de CEL ont été inclus. La majorité des procédures concernait des hommes (92,2%), avec un âge médian de 66 ans. La cirrhose était principalement d'origine alcoolique ou métabolique (86,7%). L'administration de Dex a concerné 99 procédures (24,9%). L'incidence de la fièvre était significativement plus faible dans le groupe Dex (10% vs 75,6% ; p<0,001), il n'y avait pas de différence concernant le recours aux antalgiques opioïdes. Il y a eu moins d'épisodes d'encéphalopathie hépatique à J2 dans le groupe Dex (0 vs 16 cas ; p=0,02).
En analyse multivariée, la dexaméthasone était associée à la survenue de fièvre (OR=0,03 ; p<0,001), à l'utilisation d'antalgiques opioïdes (OR=0,11 ; p=0,002), à la fonction hépatique (OR=0,98 pour la variation de la bilirubine entre J0 et J2 ; p=0,001) et à la fonction rénale (OR=0,94 pour la variation de la créatinine entre J0 et J2 ; p<0,001). Conclusion : La dexaméthasone améliore significativement la tolérance clinique et biologique du traitement par CEL des CHC dans une population européenne de cirrhose d’origine principalement métabolique et alcoolique.