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Introduction. L’objectif de notre étude est de savoir si un urinome compliquant des valves de l’urètre postérieur an anténatal modifie le pronostic rénal à deux ans de vie. Matériels et méthodes. Nous avons mené une étude française multicentrique rétrospective cas-témoins de 2000 à 2018. Nous avons inclus des patientes dont l’enfant était porteur de valves de l’urètre postérieur, suspectées en prénatal et confirmée après l’accouchement. Le critère de jugement principal était l’insuffisance rénale stade 3 ou plus avant deux ans. Une analyse descriptive était réalisée à la recherche de facteurs associés à la survenue d’un urinome. Nous avons réalisé une analyse comparative par régression logistique conditionnelle. Résultats. Nous avons inclus 299 patientes, parmi lesquelles 39 (13%) attendaient un enfant qui avait présenté un urinome en anténatal. Trente-huit patientes avaient bénéficié d’une interruption médicale de grossesse (12,7%). Quarante-trois enfants ont développé une insuffisance rénale stade 3 ou plus dans les deux premières années de vie (16.1%), dont sept après diagnostic prénatal d’un urinome (16,3%) alors que 24 avec urinome prénatal n’avaient pas développé d’insuffisance rénale (sur 197 soit 12,2%) (p = 0,42). Vingt-et-un enfants étaient perdus de vue avant l’âge de deux ans (8%). Les patientes qui portaient un foetus atteint d’urinome étaient plus sujettes aux complications obstétricales (p = 0,02), à un prélèvement de sang foetal pour recherche de beta2 microglobuline foetale (p < 0,01) et de dérivation vésico-amniotique (p < 0,01). Leur échographie prénatale retrouvait plus souvent un oligoamnios (< 0,01) ou un récessus sous-vésical (p = 0,01). Il y avait plus de réanimation néonatale chez ces bébés (p = 0,007), bien que nés moins prématurément (p = 0,004). Ils développaient moins d’infection urinaires avant deux ans (p = 0.02) mais avaient une scintigraphie DMSA plus souvent perturbée (p < 0,001). En analyse multivariée, l’urinome prénatal n’était pas significativement associé à une insuffisance rénale avant deux ans (OR = 0,56, CI 98% = 0,20-1,39, p = 0,23). Conclusion. Devant la survenue d’un urinome en anténatal dans le cadre d’une suspicion de valves de l’urètre postérieur, le conseil prodigué aux couples doit rester prudent. Une méta-analyse des données de la littérature pourrait être réalisée pour synthétiser les résultats publiés sur cette problématique.