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l’Electroconvulsivothérapie (ECT) est l’une des thérapies les plus efficaces dans le traitement de la dépression sévère et de la psychose. Cependant, en pratique, des doutes persistent concernant les paramètres optimaux et les variables de stimulation à prendre en compte pour assurer une efficacité en limitant au maximum des événements indésirables. De plus, la thérapie consiste en des crises convulsives, elles-mêmes interprétables par électroencéphalogramme (EEG), certains critères EEG seraient marqueurs de crises cliniques considérées efficaces et par extension marqueurs d’efficacité clinique. Nous avons conduit une étude rétrospective monocentrique afin d’explorer les paramètres de stimulation et d’EEG qui pourraient avoir une relation avec l’efficacité clinique et qui seraient utiles en pratique courante. 33 patients du centre hospitalier Guillaume Régnier de Rennes ayant réalisé une cure d’ECT ont été inclus, à partir de l’Observatoire national ECT. Les données de 19 patients ont pu être analysées. Les tracés EEG ont été manuellement analysés afin d’en extraire les critères d’intérêt que sont la durée de crise, la suppression post-ictale, l’amplitude de la phase clonique et la cohérence inter hémisphérique. Les variables de stimulation tirées de l’observatoire et des tracés EEG prises en compte étaient l’intensité de stimulation en milli coulombs (mC), l’intensité de stimulation en pourcentage et l’intensité rapportée au seuil épileptogène initial. Les critères d’efficacité et d’événement indésirable ont été extraits des observations des soignants ayant pris en charge chaque patient. La présence des critères EEG de qualité de crise était significativement associée à l’intensité en mC à chaque séance (z score= 2,155 ; p= 0,03115) ; cette relation ne se vérifiait plus avec l’intensité exprimée en pourcentage. Il n’existait aucun lien significatif entre la présence de critères EEG et l’intensité rapportée au seuil épileptogène, la durée de crise, la durée de crise cumulée sur une cure, l’intensité cumulée sur une cure, le nombre de séances par cure. L’efficacité clinique est significativement associée à l’intensité cumulée rapportée au seuil épileptogène initial (z score= 1,967 ; p= 0,04913), à la durée cumulée totale (z score= 2,027 ; p= 0,0427), au nombre de séances (z score= 5,395 ; p= 6,84e-08). L’étude ne montrait pas de lien significatif entre les critères EEG d’efficacité de crise et l’efficacité clinique. L’apparition d’effets indésirables était significativement corrélée à l’intensité cumulée totale (z score= 2,044 ; p= 0,0409). L’efficacité clinique semble corrélée à l’intensité rapportée au seuil plus qu’à l’intensité brute, une augmentation progressive pourrait permettre le maintien de l’efficacité de la cure, les critères EEG n’apparaissent pas comme étant de bon marqueurs d’efficacité d’une cure. L’apparition d’événement indésirable semble dépendre de l’intensité totale accumulée au cours de la cure