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Introduction : Les pneumopathies interstitielles diffuses (PID) associées aux polyarthrites rhumatoïdes (PR) sont fréquentes et à l’origine d’une augmentation du risque de décès. Les facteurs de survenue d’une PID associée à une PR sont connus. Les facteurs favorisant la progression des PID demeurent incertains. Objectif : Identifier les patients s’aggravant scanographiquement sur le plan de la PID, et mettre en évidence d’éventuels facteurs prédictifs d’aggravation. Méthodes : Etude rétrospective multicentrique. Les patients devaient avoir une PR répondant aux critères ACREULAR (American College of Rheumatology-European League Against Rheumatism) de 2009 et une PID objectivée sur une TDM thoracique (TDM t) et suivie par deux TDM t espacées d’au moins 6 mois. A T0 et à Tx (début et fin de l’analyse), le radiologue déterminait la réalité de la PID, en établissait le phénotype (Critères de la conférence de consensus 2011 sur la fibrose pulmonaire idiopathique selon l’American Thoracic Society) en PIC (pneumopathie interstitielle commune), PINS (pneumopathie interstitielle non spécifique) ou PID inclassable et classait l’évolution scanographique entre T0 et Tx en stabilité, aggravation et amélioration. Les données en rapport avec l’activité de la PR, les traitements de la PR et l’activité de l’atteinte pulmonaire clinique étaient recueillies pour chaque patient à T0 et à Tx. Résultats: 36 patients ont été inclus et suivis en moyenne sur 3 ans. A T0, 47,2% des patients avaient une PIC (17/36), 27,8% une PINS (10/36) et 25,0% une PID inclassable (21/36). 58,3% se sont aggravés (21/36). L’aggravation scanographique de la PID était associée à l’aggravation de l’état clinique respiratoire (OR=6,50 (1,16-36,6) ; p<0,05) et au traitement à T0 par un DMARD (Disease Modifying Anti Rheumatic Drug) autre que le Méthotrexate (MTX) (p=0,01). Ni un antécédent de traitement par MTX ni la poursuite du MTX, ni l’utilisation d’une biothérapie et notamment d’un anti-TNFα n’étaient associés à l’aggravation scanographique de la PID. Ni la sévérité initiale de la PR ni son évolution n’étaient significativement associées à l’aggravation de la PID. Seule la CRP était plus élevée chez les patients présentant une aggravation scanographique (29,3 ± 21,1 vs 13,7 ± 18,6 mg/L ; p=0,03). Discussion : Aucun effet néfaste de l’utilisation du MTX en présence d’une PID associée à une PR n’a été constaté dans notre étude. Ne pas arrêter de manière systématique un traitement par MTX pourrait se discuter en cas de PID, d’autant plus si la PR est bien équilibrée sous MTX.