Voir le résumé
CONTEXTE : Les pesticides organophosphorés (OP) agissent en inhibant l'activité de l'acétylcholinestérase au niveau des jonctions synaptiques et ont déjà été associés à des effets délétères sur le neurodéveloppement, y compris les troubles du spectre autistique (TSA). OBJECTIF : Étudier l'association entre l'exposition prénatale aux pesticides OP et les TSA chez des enfants de 11 ans. MÉTHODE : Le questionnaire parental CAST "Childhood Autism Spectrum Test" a été utilisé pour le dépistage de traits autistiques chez 792 enfants au sein de la cohorte française PELAGIE. Pour 185 d’entre eux, des échantillons prénataux d'urine maternelle étaient disponibles pour le dosage des organophosphorés et de leurs métabolites. Des modèles de régression binomiale négative ont été réalisés afin d’explorer l'association entre le score CAST et 8 groupes de composants, ajustés sur les facteurs de risque potentiels de TSA. RÉSULTATS : Parmi les échantillons urinaires, les dialkylphosphates (DAP) et les diméthylphosphates (DM) étaient les plus détectés (>80%), tandis que le Terbufos et ses métabolites étaient les moins détectés (<10%). Aucune association n'a été trouvée pour les Dialkylphosphates et le Terbufos. Une tendance à l'augmentation du score avec l'augmentation des concentrations urinaires maternelles en diazinon était observée, avec un Incidence Rate Ratio (IRR) passant de 1,11 (IC 95 % : 0,87-1,42) à 1,17 (IC 95 % : 0,94-1,46). Les échantillons dans lesquels le chlorpyrifos ou l'un de ses métabolites, chlorpyrifos-oxon et 3,5,6-trichloro-2-pyridinol (TCPY), étaient détectés étaient associés de manière statistiquement significative à un score CAST plus élevé. L’IRR pour l'exposition "chlorpyrifos ou chlorpyrifos-oxon" était de 1,27 (IC 95% : 1,05-1,52) parmi tous les enfants et 1.39 (IC 95% : 1.07-1.82) parmi les garçons. CONCLUSION : Nous suggérons une augmentation des traits autistiques parmi les enfants âgés de 11 ans en association à une exposition maternelle prénatale au chlorpyrifos ou au diazinon. Ces associations ont déjà pu être retrouvées dans la littérature, en particulier pour le chlorpyrifos. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour explorer la plausibilité biologique des mécanismes physiopathologiques sous-jacents.