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Introduction : Les accidents de préservatifs, définis par rupture et/ou glissement au cours du rapport sexuel sont des facteurs potentiels de perte de confiance dans ce dispositif, entraînant mésusage voire abandon de leur utilisation. Le port systématique et correct du préservatif reste pourtant la pierre angulaire de la prévention des IST et des grossesses non désirées à l’ère des nouveaux modes de rencontre en ligne. L’objectif principal était de comparer les données individuelles et le contexte entre les patients ayant présenté un accident de préservatif récent et ceux sans accident. Les objectifs secondaires étaient de calculer le taux d’incidence d’accident et de comparer les modalités d’utilisation du préservatif entre les personnes ne relatant qu’un seul accident et ceux en déclarant plusieurs. Matériel et méthodes : Entre le 02 mai et le 30 juin 2020, 460 personnes volontaires ont été incluses dans 4 centres de dépistage bretons et via le réseau social Facebook®. Elles ont répondu à un questionnaire anonyme permettant d’obtenir un descriptif de la sexualité du répondant et l’analyse d’un éventuel accident de préservatif survenu au cours des trois derniers mois ou, à défaut, du dernier rapport avec préservatif (groupe contrôle). Résultats : L’échantillon était constitué à 64% de personnes âgées de 20 à 30 ans, le sexe ratio H/F était de 0.65. Le ratio d’accident était de 33/1000 rapports. Les éléments associés avec la survenue d’un accident de préservatif étaient : le nombre de rapports sexuels mensuels (11.65 ± 8.41 contre 9.55 ± 7.21, p = 0.02), le nombre de préservatifs utilisés au cours des trois derniers mois (17.11 ± 20.95 contre 11.81 ± 13.51, p = 0.004), les antécédents d’accidents de préservatifs (5.74 ± 7.38 contre 1.48 ± 2.32, p < 0.0001), et le caractère occasionnel du partenaire (27.5%, n = 30/109 versus 17.9%, n = 63/351, p = 0.03). Une perte de la qualité de l’érection pendant le rapport était associée à une répétition des accidents (26.3% dans la population ne présentant qu’un seul accident contre 54.5% dans celle avec au moins deux accidents, p = 0.012). Conclusion : Dans notre population, l’accident de préservatif était un événement aléatoire plutôt fréquent, pour lequel le professionnel de santé semble avoir peu de place pour l’éducation. Le médecin doit encourager le patient à poursuivre une utilisation systématique et correcte du préservatif, notamment en présence de partenaires occasionnels, plutôt que d’insister sur les modalités d’utilisation du dispositif. L’existence de troubles érectiles peut cependant être recherchée, notamment en cas d’accidents répétés.