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But : La participation au dépistage organisé du cancer colorectal est très insuffisante en France. Le remplacement depuis avril 2015 du test Hemoccult™ par le test immunologique OC-Sensor™ laisse espérer une meilleure participation de la population ciblée par ce dépistage. L’objectif de cette étude a été d’identifier et d’analyser chez des sujets n’ayant jamais participé au dépistage avant 2015 dans le département d’Ille et Vilaine, les motifs de leur participation au dépistage avec le nouveau test. Patients & Méthodes: Parmi des sujets n’ayant jamais réalisé le test Hemoccult™, alors qu’ils y avaient été invités à au moins 2 campagnes successives, nous avons identifié 551 personnes ayant réalisé le test immunologique rapidement après un premier courrier d’invitation. De ce groupe, nous avons tiré au sort 300 personnes après ajustement sur le sexe, l’âge et le lieu d’habitation, parmi lesquelles 170 ont accepté de répondre à un questionnaire visant à analyser les raisons de leur soudaine participation, mais aussi leurs caractéristiques sociodémographiques et les freins à la participation avec le test Hémoccult™. Résultats : Parmi les raisons déclarées de leur nouvelle participation, un des motifs principaux était le fait d’avoir trouvé son médecin traitant plus convainquant (31%), en particulier en milieu rural (p<0,05), la simplicité du nouveau test (30%), le prélèvement de selles unique (29%), le fait d’être plus concerné en raison de l’âge (21%). Seul un tiers de la population d’étude déclarait avoir été informée que le test de dépistage était plus performant que le précédent, et parmi ces personnes, 71% déclaraient que cela avait motivé leur décision. Les principales raisons de non-participation avant 2015 étaient la réalisation du test sur 3 selles successives (28%), en particulier chez les femmes (p<0,05), le fait d’avoir estimé la réalisation du test trop compliquée (24%) et la négligence (19%). Par comparaison avec la population INSEE des sujets âgés de 55 à 75 ans, la population des nouveaux participants était constituée d’une majorité d’hommes (54,1% vs. 47,6%, p<0,01) et de plus de ruraux (45,9% vs. 28,3%, p<0,001).Le temps passé par le médecin traitant à parler du dépistage et la qualité des explications reçues étaient corrélés au fait de trouver le médecin plus convainquant et de faire le test (p<0,05). Conclusions : La simplification du test et l’intervention du médecin traitant sont les principales raisons de participation au dépistage du cancer colorectal avec le test immunologique de personnes jusque-là non répondeuses. Ces éléments, ainsi que la plus grande fiabilité du test, sont à prendre en compte dans la communication faite autour du dépistage du cancer colorectal afin d’augmenter la participation.