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Une guerre menée avec des instruments modernes de destruction est-elle encore justifiable ? La théorie marxiste de l'impérialisme épuise-t-elle le problème de la guerre ? Est-il toujours possible, aujourd'hui, face au risque de conflagration universelle, d'écrire une philosophie de l'histoire ? Que peut le droit contre l'état de nature international ? Ces questions traversent l'œuvre d'un juriste et philosophe italien du XXe siècle, Norberto Bobbio. Elles peuvent toutes être considérées comme les corollaires de son angoisse fondamentale devant le problème de la guerre. La recherche présente se propose d'introduire le lecteur de langue française aux thèses internationalistes de Bobbio ; thèses actuellement disséminées dans plusieurs dizaines d'ouvrages, d'essais, d'articles et de cours, dont la plupart n'ont pas encore été traduits. L'éparpillement de ses écrits, néanmoins, n'oblitère pas la possibilité d'un exposé systématique sa pensée, forgée au creuset de la philosophie politique, de l'histoire des idées, de la science politique et de la philosophie du droit. Bobbio est, en effet, l'auteur d'une politique analytique qui s'est donnée pour tâche d'éclaircir les problèmes contemporains à la lumière de concepts tirés aussi bien de la philosophie anglo-saxonne que continentale. Il s'est inscrit dans une tradition qui, à la suite de Kant, Bentham et Saint-Simon, s'est inlassablement employée à penser les conditions du dépassement de l'anarchie internationale. Ainsi, du dialogue ininterrompu avec l'héritage de la pensée politique et juridique, Bobbio a tiré des armes conceptuelles afin de lutter contre les logiques de puissance propres au système international, contre la persistance des justifications traditionnelles de la guerre, et pour le projet fédéraliste de la démocratie mondiale.