Le développement croissant des capacités de dépistage et de diagnostic des pathologies cancéreuses couplé à l’amélioration continue de leur prise en charge entrainent une augmentation constante du nombre de patients traités par chimiothérapie. Etant donné le profil de toxicité de la majorité des anticancéreux, leur administration par voie intraveineuse est associée à de nombreuses complications, l’une des plus redoutées étant l’extravasation. Celle-ci est définie par l’infiltration accidentelle de chimiothérapie dans l’espace extravasculaire et les tissus environnant le site d’injection. Selon la toxicité tissulaire de l’anticancéreux impliqué dans une extravasation, les conséquences s’étendent d’un léger inconfort pour les agents non irritants à une destruction tissulaire massive pour les agents vésicants. L’extravasation d’un anticancéreux vésicant, bien que peu fréquente, a une probabilité élevée d’affecter la qualité de vie et la survie d’un patient, ainsi que de générer des dépenses de soins importantes. Il est donc primordial de sécuriser ce risque au sein d’un établissement hospitalo-universitaire réalisant annuellement l’administration de plus de 44000 chimiothérapies injectables. En effet, un état des lieux concernant la prévention et la prise en charge des extravasations de chimiothérapie révèle que les procédures actuellement en place sont insuffisantes et sont difficilement accessibles. Un questionnaire d’auto-évaluation réalisé auprès des professionnels de santé des services réalisant l’administration de chimiothérapies confirme ce constat. Il met également en lumière que 63% du personnel soignant estime avoir un niveau insuffisant pour faire face à une extravasation et que 93% souhaite recevoir une formation complémentaire. De plus, 43,8% du personnel soignant ignore l’existence d’une procédure de prise en charge d’extravasation au sein de leur service. La pharmacie a donc actualisé les documents qualité en lien avec le personnel médical de l’unité médicale ambulatoire de cancérologie et en confrontant les recommandations de différentes sociétés savantes internationales. Plusieurs documents ont donc été créés : procédure de prise en charge des extravasations, classification des anticancéreux selon leur toxicité tissulaire, contenu du kit d’urgence en cas d’extravasation, fiche de suivi d’une extravasation, fiche d’information sur la dexrazoxane et plaquette d’information sur les extravasations. Une formation a été organisée au sein de chaque service réalisant l’administration de chimiothérapies afin de présenter ces documents et de sensibiliser le personnel soignant à la prévention et à la prise en charge des extravasations de chimiothérapie. Une enquête de satisfaction est réalisée à la suite de cette formation afin d’en assure l’efficience. Cette formation s’inscrit désormais dans le programme de formation initial du personnel infirmier de l’établissement dans une démarche d’amélioration continue de la qualité des soins.