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La fixation des tiges au cours des révisions de prothèse totale de genou est controversée, avec deux principales techniques : la cimentation totale et la fixation hybride. Les nombreuses séries publiées concluent à la supériorité de l’une ou de l’autre ou à leur équivalence. Notre hypothèse était que la fixation hybride des prothèses LCCK est corrélée à un risque plus important de descellement, notamment au niveau fémoral. Il s’agit d’une étude rétrospective, mono centrique, multi-opérateurs. Toutes les révisions de PTG (RPTG) par prothèse LCCK réalisées au CHU de Rennes entre janvier 2010 et décembre 2014 ont été incluses. Le seul critère d’exclusion était le décès sans révision à un recul inférieur à 5ans. L’objectif principal était l’analyse de la survie en prenant pour évènements : le descellement aseptique (DA) radiologique, la révision pour DA, ou la révision quelle que soit la cause. 80 RPTG soit 160 tiges ont été incluses. Le groupe cimentation hybride comportait statistiquement plus de pertes de substance osseuse (PSO) AORI 2B et 3 (p<0,001), plus de cônes métaphysaires en trabecular metal (TM) (p<0,001) et plus de greffes osseuses (p<0,001). Au recul minimum de 5ans, aucune pièce totalement cimentée n’était descellée alors que 10 pièces fixées de manière hybride (9,4%) s’étaient descellées (6 tiges fémorales et 4 tiges tibiales). 4 prothèses comportant une fixation hybride (3 fémorales et 1 tibiale) avaient été révisées. La différence de survie prenant pour évènement le DA radiologique était significative (p=0,04) : 100% à 9 ans pour le groupe cimentation totale et de 78,6% à 9 ans dans le groupe fixation hybride. Il n’y avait pas de différence significative de survie prenant pour évènement la révision pour DA, ou la révision quelle qu’en soit la cause. Le seul facteur prédictif de DA était le remplissage diaphysaire par la tige pour la fixation hybride (p<0,01). Le rôle délétère de la gravité de la PSO (p=0,78) et le rôle protecteur des cônes en TM n’a pas été démontré (p=0,21) même si aucun DA n’est survenu lorsqu’un cône avait été associé à une tige, quel que soit son mode de fixation. En prenant pour évènement le DA radiologique, la survie des prothèses de révision LCCK totalement cimentées était excellente (100% à 9 ans) et supérieure à celle des mêmes prothèses fixées de manière hybride (78,6% à 9 ans), y compris en cas de PSO modérée qui semble pourtant être l’indication préférentielle de cette technique. La recherche d’un meilleur remplissage diaphysaire pourrait améliorer ses résultats. L’utilisation de tiges mieux adaptées au press- fit (tiges fendues à leur extrémité et à effet de surface) est une autre voie de recherche. L’utilisation de cônes pourrait permettre d’utiliser systématiquement ou presque des tiges courtes (60 mm) cimentées plus faciles à retirer. L’extraction de ces cônes, cependant peut être problématique.