Introduction: Depuis les deux dernières décennies, le vieillissement de la population et la prévalence croissante des pathologies chroniques ont conduit les autorités publiques à repenser l’organisation de l’offre sanitaire et sociale. Les médecins généralistes, occupant une place centrale dans le parcours de soins des patients, sont confrontés à la complexité médico-sociale liée au cloisonnement de la filière ville-hôpital et à la multiplicité des structures de coordination existantes sur un territoire. Créées par la loi de Modernisation du Système de Santé de 2016, les PTA (Plateformes Territoriales d’Appui) sont des dispositifs d’appui à la coordination pour les professionnels de santé dans la prise en charge des parcours complexes. Objectif principal : Connaître le ressenti des médecins généralistes libéraux vis-à-vis de la PTA : attentes, motivation et limites au recours à ce dispositif, ainsi que leurs retours d’expérience. Matériel et méthodes : Enquête qualitative réalisée auprès de médecins généralistes du territoire de santé n°4 (Vannes-Ploërmel-Malestroit). Entretiens semi-dirigés, menés jusqu’à saturation des données. Retranscription exacte des verbatims suivie d’une analyse thématique. Résultats : 11 médecins généralistes du territoire de santé 4 du Morbihan ont été interrogés entre le 13.11.2019 et le 30.03.2020. On retrouve une volonté partagée d'un soutien dans la prise en charge des patients en situation complexe. Néanmoins, les entretiens font émerger des opinions divergentes : certains professionnels exprimant un regret des anciennes structures de coordination semblent réfractaires à solliciter une nouvelle équipe inconnue, tandis que d’autres sont motivés par toute aide pouvant leur être apportée dans les démarches sociales chez des patients en perte d’autonomie. Les principaux freins au recours à ce récent dispositif sont : le manque de connaissance de la PTA, la distance géographique jugée trop importante entre le siège de la PTA et le lieu d’exercice des praticiens libéraux, la réticence à introduire un intervenant supplémentaire dans la relation médicale, ainsi que la crainte de tâches de travail supplémentaires. Les médecins souhaitent rencontrer les membres de la plateforme pour se présenter mutuellement ; ils demandent aussi à avoir à leur disposition un document imprimé avec les coordonnées et les principales missions de la PTA. Conclusion : Les médecins généralistes interrogés ont une connaissance imprécise de la PTA et de ses nouveaux acteurs d’appui à la coordination. La crainte d’un surcroit de temps à y consacrer et la perception d’un éloignement géographique des dispositifs de coordination ayant fusionné sont les autres freins de recours rapportés. Dans ce territoire de santé, il faut attendre que la fonction d’appui à la coordination soit définitivement aboutie pour parvenir à la l’harmonisation attendue des parcours de soins complexes.