L’immigration, phénomène ancien, est en augmentation notable en Europe et notamment en France depuis 2015. Les médecins généralistes, premiers acteurs en soins primaires, doivent tenir compte des particularités bio-psycho-sociales en lien avec la précarité de ces patients. Les chercheurs visaient dans un premier temps à faire un état des lieux des pratiques des médecins généralistes dans la prise en charge des patients migrants, puis de montrer les potentielles différences en fonction du territoire d’exercice et notamment de la présence locale d’un centre de référence migrant; enfin d’entrevoir des pistes d’amélioration. Le travail a été mené sous forme d’une étude qualitative par entretiens semi dirigés individuels de médecins généralistes choisis en échantillonnage raisonné avec retranscription en verbatim et analyse manuelle par double codage en théorisation ancrée. Plusieurs résultats présentent intérêt. Il existe des acquis divers mais hétérogènes concernant le bilan somatique. Il y a aussi des réticences à l’abord des pathologies psychiques en particulier les psychotraumatismes, par manque de connaissance diagnostic mais aussi par crainte de trop plein d’affect. La barrière de la langue, très présente, entraînant défaut de communication à double sens, perte d’information, simplification et redite, est surmontée grâce à des outils techniques et humains, l’interprétariat professionnel n’étant pas démocratisé. Un centre local de prise en charge migrant apporte structure, avis spécialisé et facilité de coordination. Les médecins restent en attente de possibilités de formation spécialisées et d’une plus grande visibilité des structures d’aides existantes. Les centres spécialisés de consultation migrant pourraient donc être encore plus bénéfiques en y ajoutant ce volet formation attendu.