Contexte : Même si la consommation annuelle moyenne d'alcool en France diminue depuis plusieurs décennies, chez les jeunes de nouveaux modes de consommation sont observés avec notamment des alcoolisations ponctuelles mais massives. Les étudiants auraient un risque de consommation d'alcool dangereuse et abusive plus important que leurs pairs non étudiants. Or la prévention actuelle a peu d'impact sur cette population. Objectif : Notre étude vise à explorer les perceptions des étudiants sur leur consommation d'alcool, afin de développer des stratégies de prévention plus efficaces. Méthode : Une étude qualitative par entretiens semi-directifs a été menée auprès d'étudiants rennais âgés de 18 à 25 ans. Après retranscription, une analyse thématique manuelle des verbatims a été réalisée avec un double codage initial. Résultats : Vingt-quatre entretiens ont été conduits de janvier à avril 2016. Les étudiants consomment de l'alcool pour ses effets et sa fonction sociale bien plus que pour son goût. Les effets délétères à long terme sont rarement identifiés, notamment ceux des ivresses aiguës massives que les étudiants ne jugent pas nocives. Chacun se construit une gradation personnelle en fonction de ses propres limites, appréhendées à partir de ses expérimentations personnelles, mais aussi sous influence du contexte et de la norme collective. La consommation d'alcool est régie par de nombreux principes : à une contextualisation de la consommation d'alcool qui est avant tout un acte festif, s’ajoutent une normalisation de la consommation influencée par une pression collective normative à consommer et une banalisation des ivresses pour certains. L'évolution tend pour la plupart des étudiants vers une diminution de leur consommation au fil de leurs études. Conclusion : Tenir compte des particularités des façons de boire des étudiants, leurs principes et rapports à la norme, semble essentiel pour développer des stratégies de prévention plus efficaces chez cette population.