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Introduction : Véritable sujet de santé publique, le sommeil partagé questionne les jeunes parents mais aussi les soignants. Pourtant, il existe peu d’études précises et de recommandations sur le sujet. Objectif : Connaître les représentations et les attentes des jeunes parents concernant le sommeil partagé dans le contexte de l’allaitement de leur nourrisson de moins de 6 mois. Méthode : Étude de type qualitative, avec analyse de 24 entretiens semi dirigés auprès de femmes allaitant un nourrisson de moins de 6 mois, suivies par médecin généraliste, pédiatre, sage-femme ou en PMI. Retranscription verbatim des entretiens. Analyse selon le modèle de la théorisation ancrée puis triangularisation des données. Résultats : Pour toutes les femmes interrogées, il arrive régulièrement que bébé partage le lit parental, au moins une partie de la nuit. Elles y voient des avantages tels que le lien fort créé avec bébé, une facilité à la mise en place de l’allaitement et à sa continuité, et aussi un moyen de combattre une fatigue trop importante. Pour certaines femmes, la pratique représente un moyen de lutter contre la mort subite du nourrisson, du fait de la possibilité de surveillance à chaque instant. Pour d’autres, c’est un facteur de risque d’étouffement, d’écrasement, ce d’autant plus que le partage du lit se mêle souvent au partage de chambre. La pratique n’est pas toujours bien vécue. De plus, l’accent est mis sur la vie de couple, qui du fait de la fatigue, de l’absence d’intimité, et de désaccords parfois concernant le lieu de couchage de bébé est mise entre parenthèse pendant cette période de sommeil partagé. Les entretiens mettent aussi en avant la peur de générer un enfant capricieux, ingérable, par la réponse immédiate aux demandes du nourrisson. D’après les femmes interrogées, le regard des soignants sur le sommeil partagé est globalement négatif, avec beaucoup de tabous, et de discours moralisateurs. Les femmes attendent du soignant qu’il ait du temps à consacrer à ce sujet, qu’il aborde lui même la question en consultation, et qu’il fasse preuve d’empathie. Conclusion : Malgré des risques tels que étouffement et mort subite, le partage du lit est une réalité. Pourtant, la crainte d’être jugé, l’absence de circonstances propices aux échanges et le manque d’empathie de certains soignants sont autant de facteurs qui rendent encore le sujet tabou.