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La prostitution des mineurs est un sujet d’actualité national, autour duquel les différentes institutions, éducatives, judiciaires, médicales et sociales tentent d’établir un état des lieux de la situation en France, et de dialoguer pour trouver des solutions communes. Ces mineurs sont en grave danger avec des conséquences possibles à court, moyen et long terme. Il existe un enjeu médical fort à les repérer et les prendre en charge en santé. Il n’existe pas d’étude recueillant les perceptions de cette problématique par les médecins généralistes, en France ou à l’international. Pourtant, leur rôle est mis en avant dans la littérature sur le repérage de ces situations. Ils ont une place essentielle dans les soins et le suivi. Nous avons choisi une méthodologie qualitative, avec un double codage et une analyse s’inspirant de la théorisation ancrée pour retenir six grands thèmes qui conduisent à notre modèle explicatif : la dénégation des médecins, des mineurs difficilement identifiables, état des lieux des connaissances et pratiques médicales, des freins internes et externes à une prise en charge adaptée, une volonté d'efficience dans l'intérêt de l'enfant, et un souhait d’anticipation des dangers. Secondairement, nous avons réalisé une analyse lexicale en utilisant les « humanités médicales », faisant émerger un « word cloud », et une analyse intra et inter-entretien par des histogrammes des trois groupes de mots émergeants : action-connaissance-communication ; famille-âge-genre ; menace-souffrance. En comparant nos résultats à la littérature, nous retenons trois points à approfondir : la nécessité d’avoir un langage commun entre professionnels et institutions afin d’identifier ces situations, un besoin de sensibilisation des médecins généralistes au sujet de la prostitution et la création d’un arbre décisionnel clair intégrant leur action dans un parcours de soin coordonné. Il nous semblerait intéressant de tester cet arbre décisionnel, afin de pouvoir proposer une homogénéisation des pratiques centrée sur les mineurs au plan national. En perspectives, la place de chaque professionnel de santé au sein de ce parcours reste à définir.