La différenciation sexuelle, le développement et la fonction du système reproducteur dépendent en grande partie des hormones stéroïdes. Ainsi, l’exposition développementale à des substances chimiques ayant des propriétés hormonales, aussi appelées des perturbateurs endocriniens (PE) peut avoir des conséquences sur la santé reproductive à l’âge adulte. Les études chez l’Homme concernant l’exposition aux PE pendant la grossesse et la qualité spermatique du jeune adulte sont rares et, à notre connaissance, l’exposition professionnelle n’a encore jamais été étudiée. L’objectif de ce travail était d’étudier la relation entre l’exposition professionnelle maternelle aux PE pendant la grossesse et la qualité spermatique du jeune homme adulte. Une étude nationale transversale a été conduite à partir d’une population de conscrits suisses. De 2005 à 2017, les conscrits de tous les centres de recrutement de Suisse ont été invités à participer à l’étude. Les données ont été recueillies par questionnaires auprès des parents et des conscrits, puis un échantillon de sperme a été recueilli. Les paramètres spermatiques ont été catégorisés selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Les professions maternelles pendant la grossesse ont été obtenues par le questionnaire parental et codées selon la Classification Internationale type des professions de 1988 par une hygiéniste du travail entrainée. L’exposition professionnelle maternelle aux PE a été définie à l’aide d’une matrice emplois-expositions. Des régressions logistiques ont été réalisées pour analyser la relation entre l’exposition professionnelle maternelle aux PE et chaque paramètre spermatique en ajustant sur les facteurs de confusion potentiels. Parmi, les 1737 conscrits éligibles, les analyses ont été restreintes au 1045 conscrits dont la mère travaillait pendant la grossesse. Notre étude suggère une association entre l’exposition professionnelle maternelle pendant la grossesse aux PE et une diminution du volume total, de la numération totale en spermatozoïdes spécifiquement pour les pesticides, les phtalates et les métaux. De plus, pour les métaux une association a été observée avec une diminution de la concentration spermatique. Ces résultats nécessiteraient d’être confirmés dans d’autres études.