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Philosophie
/ 27-06-2014
Israël Natacha
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Nous examinons d’abord les aspects de la souveraineté politique sur la scène shakespearienne. À la lumière des analyses consacrées par Walter Benjamin au drame baroque, en 1928, et de la réaction de Carl Schmitt dans Hamlet ou Hécube (1956), nous montrons que Shakespeare met en scène la mortalité des corps politiques et la souveraineté nouvelle de l’intrigant dans le temps terrestre. Sommé de maîtriser l’art et le tempo de l’intrigue, le Prince est néanmoins impuissant à empêcher la décomposition de l’État. En prenant appui sur le drame élisabéthain, notamment sur le vertige mélancolique et sceptique d’Hamlet, nous interrogeons alors l’effort contemporain en vue de l’ordre et de la synchronisation dans la cité. La théorie hobbesienne de la représentation politique et juridique moderne rompt avec la conception mystique de l’unité politique et toute écriture inspirée des lois, tandis que la scène civile y est dédiée à la paix du commerce entre les individus afin de garantir les conditions d’une autonomie réelle dans la sphère privée. Réciproquement, cette autonomie doit pérenniser les solutions à la mélancolie et au scepticisme conceptualisées dans Léviathan. Tout en entérinant la tragédie de l’existence humaine et de tout savoir déjà mise en scène par Shakespeare, Léviathan évite d’emblée l’exaltation schmittienne ainsi que la violence « pure » logée, selon Benjamin, dans l’état d’exception de la subjectivité. À travers les spectres qui, chez Hobbes, n’ont plus droit de cité, la scène shakespearienne défait cependant les mécanismes de l’ordre et de la synchronisation continus, cela sans congédier le droit ni le projet de l’autonomie.
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