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Introduction : La prise en charge des fistules anales dans le cadre d’une maladie de Crohn nécessite une prise en charge médicochirurgicale. A la phase initiale, il est recommandé de drainer la fistule puis de débuter un traitement par anti-TNFα. La prise en charge dans les suites est plus complexe. Pour obtenir la cicatrisation de la fistule, différentes techniques peuvent être proposées : techniques d’épargne sphinctérienne, retrait du séton, fistulotomie. Les données sur la fistulotomie dans ce cadre particulier restent pauvres. Les objectifs de notre étude étaient de déterminer le taux de guérison ainsi que les facteurs prédictifs associés à la guérison à un an d’un drainage en s’intéressant particulièrement à la fistulotomie. Méthodes : Les données générales du patient, les caractéristiques de la maladie de Crohn luminale et périnéale, les caractéristiques du trajet fistuleux et les principaux évènements et interventions (médicales et/ou chirurgicales) du suivi ont été prospectivement évalués chez les patients ayant une maladie de Crohn et ayant eu un drainage de fistule dans notre centre. La guérison était définie comme l’association des critères suivants lors de la visite un an après le drainage initial : absence d’écoulement, absence de douleur, fermeture de l’orifice externe, absence d’abcès et absence de drainage en cours. Le taux de guérison à un an et leurs facteurs prédictifs étaient analysés. Résultats : Parmi les 234 patients ayant une maladie de Crohn avec fistule anale, 161 ont eu un drainage de leur fistule anale dans notre centre et un suivi à un an. Ils (58 hommes/103 femmes, âge médian= 32 ans [24-42]) ont été inclus dans l’étude. Au terme d’un an de suivi, la guérison était obtenue chez 42 patients (27%). Les facteurs à l’inclusion associés à la guérison étaient le sexe masculin (p = 0,009), les fistules complexes (p=0,0002), les fistules en fer à cheval (p= 0,0402), l’extension supra-lévatorienne (p= 0,0144) et un traitement antérieur par anti-TNFα (p = 0,0351). Les facteurs du suivi associés à la guérison étaient l’introduction d’anti-TNFα (p = 0,0160), l’optimisation des anti-TNFα (p = 0,0171), une nouvelle procédure de drainage (p = 0.0001). Parmi les 30 patients ayant eu une fistulotomie durant le suivi, 18/30 (60%) étaient cicatrisés à un an. Conclusion : La fistulotomie est une technique chirurgicale à reconsidérer dans la prise en charge des fistules anales de la maladie de Crohn si elles sont bas situées et courtes, dans l’année suivant le drainage. Une évaluation à long terme est nécessaire pour évaluer l’efficacité des techniques d’épargne sphinctérienne.