Voir le résumé
Objectif : Cette étude vise à évaluer la capacité de nouveaux critères à prédire la réparabilité des ruptures du ligament croisé antérieur (LCA), seuls ou en combinaison avec la classification traditionnelle de Sherman basée sur la localisation de la déchirure. Matériels et Méthodes : Dans cette étude, tous les adultes ayant subi une chirurgie aiguë du LCA entre janvier 2019 et juillet 2019 ont été rétrospectivement extraits de la base de donnée d’un chirurgien orthopédique senior. La décision de réparer ou de reconstruire le LCA était prise en peropératoire en fonction des constatations arthroscopiques. Simultanément, pour chaque patient, les caractéristiques de la déchirure du LCA sur IRM ont été évaluées en consensus par deux lecteurs experts en imagerie musculo-squelettique, incluant la classification de Sherman pour la localisation de la déchirure, la classification de Mehier pour la qualité tissulaire, ainsi que la position exacte du moignon distal par rapport au ligament croisé postérieur (LCP) dans le plan sagittal. Le rapport de cotes (odds ratio) de chaque caractéristique indépendante, ainsi que les performances diagnostiques de différentes combinaisons de critères, ont également été évalués. Résultats : Parmi les 70 patients inclus, 22 (31 %) ont bénéficié d'une réparation du LCA, tandis que 48 (69 %) ont subi une reconstruction. L'analyse univariée a révélé que les déchirures proximales (types 1 et 2 de Sherman), une bonne qualité tissulaire (grade 1 de Mehier) et une position postérieure du moignon distal par rapport au LCP étaient significativement associées à la réparabilité. Cependant, après ajustement multivarié, seuls la qualité tissulaire et l'âge du patient sont restés des prédicteurs indépendants de réparabilité. L'évaluation des combinaisons de critères IRM a montré que l'association d'un moignon distal du LCA positionné en arrière par rapport au LCP, combinée à une bonne qualité tissulaire, offrait une spécificité élevée (0,979) et une forte valeur prédictive positive (0,938). De plus, la combinaison d'une déchirure proximale selon la classification de Sherman avec une bonne qualité tissulaire offrait le meilleur équilibre entre sensibilité (0,773) et spécificité (0,938), avec une aire sous la courbe ROC de 0,855. Conclusion : cette étude confirme la pertinence des critères préopératoires basés sur l’IRM pour prédire la réparabilité du LCA. La classification de Mehier pour la qualité tissulaire surpasse les modèles précédents en termes de précision et de reproductibilité, tandis que la position postérieure du moignon distal par rapport au LCP émerge comme un indicateur simple, fiable et facilement identifiable. La combinaison de ces deux critères constitue un outil décisionnel robuste et aisément applicable pour identifier les candidats éligibles à la réparation du LCA, facilitant ainsi une planification chirurgicale personnalisée.