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Introduction : La dysménorrhée est un trouble du cycle fréquent à l’adolescence. Sa prévalence varie entre les différentes séries, la dernière étude française datant de 1984. Le but principal de l’étude était de déterminer la prévalence de la dysménorrhée dans une population représentative des adolescentes d’Ille-et-Vilaine. Les objectifs secondaires étaient de déterminer la sévérité des dysménorrhées, les symptômes somatiques associés, les répercussions sur leurs activités, l’attitude des adolescentes en matière de recours aux soins et leurs attentes. Matériel et Méthodes : 953 adolescentes âgées de 15 à 19 ans, scolarisées en Ille-et-Vilaine ont été incluses entre avril et mai 2019. Elles ont complété un questionnaire anonyme de 50 items permettant de recueillir des données socio-démographiques, la caractérisation de leurs cycles, la présence d’une dysménorrhée, ses aspects et ses retentissements. La sévérité de la dysménorrhée a été évaluée par une échelle numérique et par le Verbal Multidimensional Scoring System Scale (VMSS). Résultats : La prévalence de la dysménorrhée était de 92,9 %, modérée dans 65,2 % des cas et sévère dans 8,9 % des cas. Les facteurs associés à une dysménorrhée sévère (grade 3 du VMSS) en analyse multivariée étaient les règles abondantes (OR 2,02, IC95% [1,12 ; 3,63] p= 0,0192), l’âge jeune de la ménarche (OR 0,68, IC95% [0,57 ; 0,81] p < 0,0001), les douleurs inter-menstruelles (OR 2,60, IC95% [1,10 ; 6,11] p= 0,0274), l’IMC (IMC<18, OR 1,94, IC95% [1,03 ; 3,66] p= 0,0335). 91 % des lycéennes avaient déjà pris un traitement médicamenteux ; du paracétamol dans 86,7 % des cas, un AINS dans 52,4 % des cas. Pour celles ayant déjà pris un avis médical (50,5 %), elles consultaient en majorité leur médecin généraliste (45,4 %). Parmi les freins à la consultation, 55,1 % ont évoqué le fatalisme. Cependant, 64,4 % d’entre elles souhaiteraient que ce sujet soit spontanément abordé par leur médecin traitant. Conclusion : 92,9 % des adolescentes rapportent une dysménorrhée, la prise en charge n’est pas optimale et des facteurs de risque ont été mis en évidence. Elles souhaiteraient une information et une prise en charge efficaces. La dysménorrhée a un réel impact sur la qualité de vie, des conséquences sociales et scolaires non négligeables. Il s’agit d’un problème de santé publique qu’il ne faut pas banaliser, ni considérer telle une fatalité.