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Introduction : La fièvre est un motif fréquent de consultation chez les nourrissons de moins de 3 mois. Cette population est classiquement considérée comme étant plus à risque d'infections bactériennes sévères et invasives. Il est recommandé la réalisation d’un bilan comprenant au minimum une analyse d’urines et un bilan sanguin. La seule étude réalisée exclusivement en milieu ambulatoire dans cette population a montré une application très aléatoire des recommandations. Objectif : L’objectif principal de l’étude était l’analyse descriptive des pratiques professionnelles des médecins généralistes et pédiatres libéraux en région Bretagne. Les objectifs secondaires étaient l’estimation du taux d’adressage aux urgences pédiatriques à travers des cas cliniques, le taux de prescription d’examens complémentaires et enfin une analyse comparative en sous-groupes. Matériels et Méthodes : Il s’agissait d’une enquête épidémiologique observationnelle, descriptive et transversale, réalisée au moyen d’un auto-questionnaire anonyme, élaboré via la plateforme Lime Survey et diffusé par courriel aux médecins généralistes, SOS médecins et pédiatres libéraux bretons. Il se composait de 3 parties : caractéristiques générales, pratiques en consultation et cas cliniques. Les données ont été analysées avec le logiciel R Commander de façon descriptive et comparative. Résultats : 294 questionnaires complets ont été analysés. 92,7 % des participants déclaraient toujours adresser aux urgences les nourrissons fébriles de moins d’un mois, 66,3 % pour les nourrissons âgés d’1 à 2 mois et 30,6 % entre 2 et 3 mois. 80,1 % des participants adressaient aux urgences le nourrisson du premier cas clinique, âgé de 24 jours, contre 89,1 % pour le nourrisson du second cas clinique, âgé de 2 mois. Outre l’âge du nourrisson, la clinique et notamment un état général conservé et la présence d’un point d’appel à l’examen étaient des facteurs importants dans la décision d’adressage aux urgences ou de prise en charge ambulatoire. 56,1 % des praticiens déclaraient n’avoir jamais fait réaliser d’examens complémentaires en laboratoire de ville en cas de fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois. L’analyse d’urines était l’examen le plus souvent demandé (42,5 %) devant la CRP et la NFS. La prescription ou non d’un bilan complémentaire en cas de prise en charge ambulatoire était très liée à la présence ou non de signes d’appel cliniques. Conclusion : La majorité des praticiens de notre étude adressent les nourrissons fébriles de moins de 3 mois aux urgences pédiatriques. Les nourrissons pris en charge en ambulatoire ne bénéficient pas toujours d’un bilan complémentaire, en désaccord avec les recommandations. Compte tenu des difficultés manifestes de réalisation d’examens complémentaires en laboratoire de ville, l’adressage aux urgences pour réalisation du bilan initial et courte surveillance semble actuellement être un bon compromis.