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Introduction : D’après le projet de loi élaboré en juillet 2019 par le Gouvernement et voté par l’Assemblée en octobre 2019, tout enfant conçu par AMP avec tiers donneur pourra à sa majorité, s’il le souhaite, accéder à l’identité de ce tiers donneur. Cela pourrait avoir des conséquences sur le recrutement des donneurs et donneuses de gamètes. Objectif principal : analyser l’évolution de l’avis des donneurs et donneuses de gamètes sur la levée de l’anonymat entre 2015 et 2019 au CECOS de Rennes. Objectif secondaire : analyser les caractéristiques des populations (âge, motivation au don, catégories socioprofessionnelles...) en fonction de leur avis sur la levée d’anonymat. Matériels et Méthodes : Étude observationnelle rétrospective. Toute la population des donneurs du CECOS de Rennes entre 2015 et 2019 ont été inclus. Pas d'échantillonnage. Les résultats étaient exprimés en effectifs et pourcentages. Des analyses bi/multivariées ont été réalisées pour l’ensemble des variables (âge, motivation au don, catégorie socioprofessionnelle…). Résultats : Sur 601 donneurs de gamètes, 462 ont été inclus dans l’étude (77%). De 2015 à 2019, 43,5% des donneurs de gamètes déclarent être en faveur de la levée d’anonymat. Concernant la levée de l’anonymat, il n’a pas été retrouvé de différence significative pour le sexe, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la parentalité et la validation du dossier en équipe pluridisciplinaire. Les donneurs qui sont contre la levée d’anonymat ont davantage réalisé le don à la fin de la démarche que ceux qui sont pour la levée d’anonymat (p=0,024). Les donneurs spontanés sont davantage en faveur d’une levée d’anonymat que ceux dont la démarche est relationnelle ou réciproque (p=0,012). Discussion : De nombreux pays européens évoluent vers une levée de l’anonymat du don de gamètes. La plupart des pays concernés n’ont pas vu leur nombre de donneurs de gamètes chuter après l’application de la loi, à l’exception des Pays-Bas (39). Cependant, dans ces pays, il a été constaté un changement de profil de donneurs qui sont plus âgés, plus souvent parents et de classe socio-économique élevée, constat que notre étude n’a pas confirmé (31). Afin de répondre à une demande croissante des dons de gamètes, une campagne de communication est un outil important à exploiter. Une bonne connaissance du public à sensibiliser en est un élément clé. Dans ce cadre, l’implication du médecin généraliste peut constituer un atout pour sensibiliser un large public.