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Objectif. L’incidence des cancers différenciés, papillaires ou folliculaires, de la thyroïde (KT) est 3 fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Le rôle potentiel des facteurs hormonaux et reproductifs a déjà été étudié avec, jusqu’à présent, des résultats contradictoires. Le but de notre étude était d’explorer l’association entre les antécédents d’hystérectomie, de pathologies gynécologiques bénignes (fibrome utérin, endométriose, kystes ovariens, polypes utérins) et la survenue d’un premier KT, pour la première fois dans une cohorte française. Patients et Méthodes. Entre 1990 et 2012, 89 340 femmes issues de la cohorte E3N (Etude Epidémiologique de Femmes de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale) ont été suivies prospectivement. Les KT étaient validés par l’anatomo-pathologie. Les antécédents de pathologies gynécologiques bénignes étaient déclarés et, en partie, confirmés par une intervention chirurgicale. Le risque de survenue d’un KT était estimé par un modèle de Cox. Résultats. 415 KT ont été diagnostiqués. Les antécédents d’hystérectomie (HR=2.07 ; CI 95% 1.67-2.58) et de fibrome (HR=1.99 ; CI 95% 1.56-2.54) étaient associés à une augmentation du risque de KT. Il n’y avait pas d’association significative pour les antécédents d’ovariectomie, de kyste ovarien, de polypes utérins, ni d’endométriose. Ces résultats restaient significatifs après ajustement sur le tabac, l’IMC, les antécédents de pathologie thyroïdienne, et les facteurs reproductifs (ménarche, contraception, parité, ménopause). La carence modérée en iode potentialisait l’association entre fibrome et KT. Conclusion. Dans notre étude, le risque de KT était multiplié par deux chez les patientes présentant un antécédent d’hystérectomie ou de fibrome. Cette relation peut s’expliquer par des voies de signalisation communes régulées par les estrogènes, la progestérone, la TSH, les hormones thyroïdiennes, mais aussi par une possible susceptibilité commune aux mutations somatiques.