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Introduction : La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire chronique marquée par des phases de décompensation à l’origine d’épisodes de détresse respiratoire aiguë (DRA) motivants une admission des patients en exacerbation dans le service d’accueil des urgences vitales (SAUV) pour la mise en place d’une ventilation non invasive (VNI) et dans certains cas d’une ventilation invasive après intubation oro-trachéale (IOT), nécessitant un transfert et une hospitalisation en unité de Réanimation. Nous avons souhaité étudier et décrire cette population de patients BPCO en exacerbation sous VNI et rechercher si certains facteurs pouvaient prévenir l’intubation oro-trachéale et la ventilation invasive. Matériels et méthodes : Étude rétrospective observationnelle et descriptive concernant l’initiation d’une VNI chez les patients en exacerbation de BPCO admis en SAUV et secondairement hospitalisés en réanimation entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019. Résultats : Nous avons inclus 109 patients dans cette étude en comparant deux groupes : 75 patients dans le groupe « VNI seule » et 34 patients dans le groupe « VNI + ventilation mécanique (VM) ». L’âge médian de la population est de 64 ans avec une prédominance masculine (68,8 %). En analyse univariée, nos deux groupes diffèrent significativement en terme de valeurs de gaz du sang, de durée de VNI, de durée de séjour, de score de gravité (SOFA, SAPS II) et de traitements reçus, que ce soit en SAUV ou en réanimation. Après ajustement multivarié, trois variables étudiées diffèrent significativement entre nos deux groupes : l’administration d’aérosols en pré-hospitalier (OR [IC95%] = 4,66 [1,23 ; 23,22], p = 0,035) ; l’utilisation d’une machine personnelle de VNI au domicile (OR [IC95%] = 4,53 [1,57 ; 14,63], p = 0,007) ; et un pH > 7,3 sur le gaz du sang initial lors de l’admission aux urgences (OR [IC95%] = 3,22 [1,20 ; 9,09], p = 0,022). Ces trois variables sont associées de manière significative à l’absence de recours à l’intubation. Conclusion : L’administration d’aérosols en pré-hospitalier, l’utilisation d’une machine personnelle de VNI au domicile et un pH supérieur à 7,3 sur le gaz du sang réalisé à l’admission aux urgences ont été retenus comme facteurs protecteurs de l’IOT chez des patients traités par VNI au cours d’une exacerbation aiguë de BPCO. Cette étude pourrait donc guider les médecins urgentistes dans la prise en charge de ce type de patient concernant l’évolution clinique en prévision d’une IOT et l’orientation post-urgence vers un service de médecine ou de réanimation.