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L’analyse du chimérisme (proportion de cellules sanguines provenant respectivement du donneur et du receveur) en post allogreffe de cellules souches hématopoïétiques renseigne sur la qualité de prise de greffe. La persistance de la détection de cellules du receveur, ainsi qu’une augmentation de la quantité de ces cellules au cours du suivi post greffe ont été associées à une augmentation du risque de rechute et une diminution de la survie. La quantification en temps réel par PCR (qRT-PCR) est une méthode très sensible permettant de détecter une très faible proportion de cellules du receveur (< 0,1 %). L’objectif de cette étude rétrospective est d’évaluer l’impact pronostique d’un chimérisme précoce (à J30 et J100 post greffe) sur la survie et la survenue d’une rechute ainsi que la signification d’une variation du chimérisme au cours du suivi, même pour des valeurs inférieures à 5 %. 347 patients adultes ayant reçu une allogreffe à Rennes entre 2002 et 2013 pour des hémopathies malignes ont été inclus. Le suivi médian était de 653 jours (2-4429). Un chimérisme complet (CC) était défini par moins de 0,1 % de cellules receveurs détectées. Les patients ayant un chimérisme mixte (CM) (≥ 0,1 % de cellules receveurs détectées) à J30 et J100 avaient une augmentation significative du risque de rechute en comparaison avec ceux en CC (p=0,0003 et p<0,0001 respectivement) en analyse univariée. La survie globale n’était pas différente entre les patients ayant un CC ou CM à J30 et J100 (p=0,32 et p=0,4). En revanche, la détection au cours du suivi d’une augmentation du chimérisme était significativement associée à une augmentation du risque de rechute en analyse univariée et multivariée (OR=9,69 [5,42;17,34], OR= 10,05 [5,35;18,90]), (p<0,0001), à une diminution de la survie globale (p=0,0043) et de la survie sans maladie (p<0,0001). Ces résultats montrent que les analyses du chimérisme par qRT-PCR, et particulièrement le suivi de la cinétique des valeurs du chimérisme, sont des outils intéressants lors du suivi post greffe pour identifier des patients à haut risque de rechute. La date et la fréquence des analyses de chimérisme ainsi que le type et le délai des interventions thérapeutiques qui peuvent en découler restent à déterminer.