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Position du problème. – En France, l’activité des services hospitaliers odontologiques s’inscrivant dans un désert médical et le profil des patients fréquentant les unités délocalisées ont rarement été évalués. Leur connaissance est pourtant indispensable en vue d’optimiser l’offre de soins et d’assurer une continuité pédagogique adaptée. L’objectif principal de cette enquête est de caractériser la patientèle consultant l’unité d’odontologie Serge Goguel du CHU de Caen, ainsi que les actes pratiqués, puis de comparer ces résultats avec ceux des cabinets libéraux en Normandie et du Pôle Odontologie du CHU de Rennes. Méthodes. – L’enquête épidémiologique observationnelle transversale et rétrospective menée a inclus les patients ayant consulté l’unité Serge Goguel du CHU de Caen entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2019. Les données du CHU, extraites du logiciel USV2, ont été comparées avec les données des praticiens libéraux, recueillies auprès de la Direction Régionale du Service Médical (DSRM), par le biais du test du khi-deux d’indépendance au risque α = 0.05. Un intervalle de confiance à 95% a été calculé par rapport aux données du Pôle Odontologie de Rennes recueillies par Florence Cornille et Bérénice Lefol. Résultats. – Le profil des patients (n=1673) ayant consulté l’unité au cours des 6 mois d’inclusion était le suivant : les tranches d’âge les plus représentées étaient celles des 30-44 ans (21,46%) et des 0-14 ans (20,86%), 50,93% étaient de sexe masculin, la majorité (84,7%) habitait le Calvados dont 27,97% à Caen. En comparaison avec les patients consultant les cabinets libéraux, les patients de l’unité ont bénéficié de plus d’actes de consultation, d’extractions de dents temporaires et d’endodonties de la dent temporaire et immature. À l’inverse, moins de patients ont disposé d’actes de prophylaxie, de soins restaurateurs et de radiographies. Sur l’ensemble des actes effectués, les cabinets libéraux en Normandie ont réalisé davantage de soins prothétiques fixés, d’actes de prophylaxie bucco-dentaire et de radiographies. En revanche, ils ont facturé moins de consultations, de soins restaurateurs directs, de soins prothétiques amovibles, d’actes de chirurgie orale et de parodontologie. Conclusion. – L’unité d’odontologie hospitalière du CHU de Caen présente une activité à part entière dans le bassin caennais, se différenciant de celle des cabinets libéraux de Normandie, tout en offrant une pratique similaire au Pôle Odontologie du CHU de Rennes concernant les soins prothétiques et endodontiques. L’élargissement des unités délocalisées contribuera à mieux répondre à la demande démographique et ainsi réduire les problèmes d’accès aux soins.