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Le syndrome d’épuisement professionnel (SEP) et leurs conséquences chez les internes font l’objet de nombreuses études. Certains faits de violences sont de plus en plus relatés au sein des services hospitaliers, en particulier chirurgicaux. Aucune étude évaluant ces deux aspects n’a été réalisée en France chez les internes de Gynécologie-Obstétrique (GO). Objectifs - Déterminer la prévalence de l’exposition des internes de GO en France aux violences professionnelles, la prévalence du SEP, étudier leur association, et identifier des facteurs de risque et protecteurs du SEP. Méthode - Étude transversale observationnelle nationale réalisée sur les internes inscrits au DES de GO des 37 facultés de médecine françaises en 2021-2022. Entre novembre 2021 et juillet 2022, les données ont été recueillies par un auto-questionnaire anonyme en ligne, basé sur des questionnaires standardisés et validés : le Maslach Burnout Inventory (MBI) évalue le SEP, le Negative Act Questionnaire- Revised (NAQ-R) évalue les violences professionnelles, le HADS évalue la dépression et l’anxiété. Ont été également posées des questions portant sur les auteurs et lieux des violences, les données socio- démographiques, les conditions de travail et les idées suicidaires. Résultats - Parmi 625 internes répondants (taux de réponse 61%), 52,4% se déclarent victimes de harcèlement moral. Le taux de SEP est estimé à 18,4% avec un score élevé d’épuisement professionnel pour 24,3%, un score élevé de dépersonnalisation pour 34,9% et une diminution de l’accomplissement personnel pour 25,1%. Une association est retrouvée entre les violences professionnelles et le SEP, confirmée après ajustement. En analyse multivariée, le soutien social des supérieurs est un facteur protecteur et l’exposition fréquente aux violences professionnelles est identifiée comme facteur de risque de SEP (OR 9,39), ainsi que le stress ressenti (OR 7 ,67) et le nombre d’heures travaillées par semaine (>70h) (OR 3,69). Conclusion - Les violences professionnelles sont répandues et associées au SEP chez les internes de GO en France, entrainant des conséquences individuelles psychologiques avec une augmentation des troubles anxiodépressifs et des idées suicidaires et un impact professionnel avec répercussion probable sur l’offre de soins. L’environnement est un élément clé contribuant au SEP et la mise en lumière de stratégies exploitables pourront permettre de mettre en place des interventions préventives ciblées et d’encourager une culture plus positive et bienveillante.