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Introduction : La métaphore est un processus cognitif permettant de comprendre un sujet (et d'en faire l'expérience) à travers la compréhension (et l’expérience) d’un autre sujet. Appliquée à la médecine, la métaphore permettrait au patient de pouvoir ré-explorer sa propre histoire à la recherche d’un nouvel éclairage pouvant déboucher sur un changement cognitif, émotionnel ou comportemental. Son utilisation consciente par les médecins généralistes est encore à décrire. L’objectif de cette étude est de recueillir l’expérience de terrain des médecins généralistes quant à leurs usages des métaphores en pratique et leurs perceptions de la métaphore comme outil de consultation. Méthode : Étude qualitative par entretien semi-dirigé individuel auprès de 8 médecins généralistes du bassin rennais. Le recrutement a été réalisé entre Octobre 2023 et Février 2024 par échantillonnage intentionnel jusqu’à suffisance des données. Une analyse ouverte axiale et intégrative du verbatim a été effectuée, inspirée de la théorisation ancrée, permettant une modélisation d’un modèle explicatif. Résultats : Notre étude montre un usage large des métaphores par les médecins généralistes. C’est un vecteur d’information et d’émotion qui participe à créer un espace réflexif et relationnel commun au médecin et au patient. La métaphore, pensée dans des utilisations thérapeutiques, permet de préciser des sensations, de rendre accessible et utilisable l’information et le raisonnement qui s’y rapportent, d’accéder aux représentations, de sortir d’une situation complexe, de penser et renforcer la relation médecin patient, de favoriser l’autonomie en facilitant la mémorisation de l’information, d’accompagner une modification comportementale. Les médecins généralistes héritent d’un catalogue de métaphores, issu de leur formation : il y a celles auxquelles ils ont été exposés et celles qu’ils ont créées pour leur propre compte lorsque leur raisonnement était d’inspiration métaphorique. Ils utilisent également celles issues de leurs vécus et de leur expérience physique du monde. Des limites et des précautions à son utilisation sont mises en avant pour que la métaphore reste bénéfique au patient. Conclusion : Les métaphores sont omniprésentes pour les médecins. Bien sûr, le langage imagé ne remplace ni l’expérience accumulée, ni la formation technique, ni l’écoute du patient. Il n’en reste pas moins un moyen par lequel le médecin peut faire passer un message. La métaphore, en offrant au patient à réfléchir et à partager, favorise son adhésion, sa motivation et son autonomisation. La métaphore devra être adaptée au contexte et aux besoins, en faisant attention aux représentations qu’elles convoquent. Alors, si elle est utilisée en ayant conscience de ses possibilités et de ses précautions d’usage, elle aura des vertus thérapeutiques : elle sera cognitive, relationnelle et centrée-patient.