Voir le résumé
Introduction : Le traumatisme rénal est le traumatisme uro-génital le plus fréquent. Les recommandations actuelles préconisent une hospitalisation dans tous les cas, y compris pour les traumatismes de bas grade (grades AAST 1 à 3). Le but de cette étude rétrospective multicentrique (17 CHU français) était d’évaluer si la prise en charge en ambulatoire des traumatismes de bas grade était non-inférieure à un séjour hospitaliser de plusieurs jours. Matériels et méthodes : Inclusion de tous les patients avec traumatisme rénal entre 2005 et 2015 ; exclusion : traumatismes d’étiologie iatrogène ou inconnue, de haut grade (AAST 4, 5), prise en charge initiale non-conservatrice, taux d’Hb<10g/dl ou transfusion le premier jour, traumatisme osseux ou viscéral associé. Deux groupes constitués : ≤48 heures, « sortie précoce » ; >48 heures, « hospitalisation ». Critère de jugement principal, composite, « intervention » : procédure radio-interventionnelle ou chirurgicale dans le mois suivant le traumatisme. Hypothèse testée de non-infériorité, marge fixée a priori à 4% (absolu), anticipant 5% d’intervention dans le groupe « hospitalisation » (référence). Utilisation d’un modèle de régression binomial pondéré par un score de propension stabilisé (SIPTW) pour estimer l’association (IC à 95%) entre les groupes et le critère de jugement.Résultats : Parmi les 1764 patients avec un traumatisme rénal, 311 ont été inclus dans l’analyse (44 dans le groupe « sortie précoce » et 267 dans le groupe « hospitalisation »). On dénombre 1 événement (3,6%) dans le groupe « sortie précoce » et 10 dans le groupe « hospitalisation » (5,2%) ; 91 patients avec données manquantes. Respectivement, aucun et 1 décès se sont produits dans les groupes « sortie précoce » et « hospitalisation ». L’analyse multivariée pondérée par le score de propension a montré une différence de -2,8% [-9,3% à +3,7%] entre les groupes. Conclusion : Dans cette étude multicentrique, la prise en charge « ambulatoire » des traumatismes rénaux de bas grade n’était pas associée avec une augmentation du risque de complication comparée à une prise en charge hospitalière. Un essai contrôlé randomisé est néanmoins nécessaire pour confirmer ces résultats.