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Introduction. Malgré la disponibilité de thérapeutiques anti-ostéoporotiques efficaces et de recommandation de l’HAS et de la société française de rhumatologie, la prise en charge de l’ostéoporose est actuellement insuffisante. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la prévalence de traitements anti-ostéoporotiques introduits après une première fracture ostéoporotique sévère à l’occasion d’une consultation ou d’une hospitalisation pour récidive fracturaire. Patients et Méthode. Nous avons conduit une étude observationnelle transversale bi-centrique incluant tous les patients âgés de plus de 50 ans hospitalisés ou vus en consultation pour une fracture ostéoporotique sévère de novembre 2015 à août 2016. Les antécédents (ATCD) de fractures ostéoporotiques sévères, et les causes de non prescription de traitement anti-ostéoporotique ont été collectés auprès du patient et du médecin traitant. Résultats. 204 patients ont été pris en charge pour une fracture ostéoporotique sévère. 128 (62,7 %) avaient des ATCD de fracture ostéoporotique sévère et donc une indication de traitement selon les recommandations. Parmi ces patients, seulement 43/128 (33,5 %) avaient bénéficié d’un traitement anti-ostéoporotique en prévention secondaire à l’issue de la première fracture et 63/128 (49,2 %) d’une supplémentation en vitamine D et/ou calcium. Les principales causes de non prescription identifiées étaient: la méconnaissance de l’indication de traitement par le médecin traitant (n=30 ; 35,3 %), la méconnaissance de l’évènement fracturaire (n=17 ; 20 %), les comorbidités (n=12 ; 14,1 %). En analyse univariée, l’absence d’introduction de traitement était associée à : la présence de comorbidités avec un indice de Charlson ≥ 6 (OR = 0,34 [0,16-0,73], p< 0,05), la démence (OR = 0,23 [0,08-0,72], p< 0,05), un ATCD de fracture de l’extrémité supérieure du fémur (OR = 0,20 [0,04-0,91], p< 0,05). En analyse multivariée, seule la présence de comorbidités (score de Charlson ≥ 6) était associée à l’absence de traitement anti-ostéoporotique (OR= 0,11 [0,03-0.45], p< 0,05). Conclusion. Deux tiers des patients avec antécédents de fractures ostéoporotiques sévères présentant une seconde fracture n’étaient pas traités. La raison principale de non-traitement semble provenir d’une mauvaise évaluation du risque fracturaire du patient. Alors même qu’une fracture ostéoporotique sévère correspond à un sur-risque de mortalité nécessitant le recours à un traitement anti-ostéoporotique, l’importance des comorbidités du patient était un facteur de risque indépendant de non-traitement.