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La mort cellulaire joue un rôle central dans le développement et la progression des maladies du foie. Quel qu’en soit l’agent étiologique, il en résulte une destruction des hépatocytes, conduisant à une inflammation et à une prolifération compensatoire. En outre, la disparition continue de cellules peut aboutir au développement d’une fibrose, d’une cirrhose, voire d’un carcinome hépatocellulaire, la 3ème cause de décès par cancer. L'expression ou la sécrétion de ligands de mort, tels que le TNF-α, le FAS L et le TRAIL, par les cellules inflammatoires constitue le principal facteur de la progression des maladies du foie. En aval des récepteurs de ces ligands de mort ou de motifs moléculaires associés aux pathogènes (PAMP), la protéine kinase 1 interagissant avec le récepteur (RIPK1) influence le destin de la cellule, que ce soit pour survivre ou pour mourir par apoptose dépendante de caspases ou par nécroptose dépendante de RIPK3 / MLKL. Elle pourrait donc constituer une cible thérapeutique potentielle pour réguler le destin des hépatocytes. RIPK1 peut jouer un rôle distinct sur la mort ou la survie, grâce, respectivement, à ses fonctions kinase ou d’échafaudage. Dans cette optique, nous avons déjà montré le rôle protecteur de RIPK1 dans des modèles animaux d'hépatite aiguë induite par la ConA et le LPS. Au cours de mon travail de thèse, l'objectif était d'évaluer le rôle de RIPK1 dans des modèles murins d’hépatites aiguës (hépatite virale fulminante, dommages au foie induits par le CCl4 ou l'acétaminophène [APAP]) et d'hépatites chroniques (régime à haute teneur en gras et en cholestérol [HFHCD]). Nos résultats ont démontré que RIPK1 protège les hépatocytes du TNF-α sécrété par les macrophages au cours de l'hépatite fulminante induite par le virus MHV3. Ces données révèlent les risques potentiels d'aggravation d'une infection par le VHB chez les personnes atteintes de polymorphisme ou de mutations amorphes homozygotes déjà décrites pour le gène RIPK1. En outre, nous avons établi que RIPK1 dans les cellules parenchymateuses du foie n’influence pas les lésions hépatiques induites par l’APAP chez la souris. L'inhibition supplémentaire de l'activité kinase de RIPK1 chez les souris Ripk1LPC-KO n'a pas limitée les dommages hépatiques, révélant que l'activité kinase de la RIPK1 dans les cellules hépatiques non-parenchymateuses ne contribue pas aux lésions hépatiques induites par l’APAP. Sinon, nous avons démontré que RIPK1 dans les cellules parenchymateuses du foie préserve partiellement le foie des lésions induites par le CC14, lésions ne dépendant pas du TNF-α. Enfin, nous avons montré que RIPK1 dans les cellules parenchymateuses hépatiques avait tendance à limiter le développement de la fibrose induite par HFHCD dans la NASH murine et qu'une intervention alimentaire pouvait améliorer la fibrose hépatique chez la souris atteinte de NASH. Quant au rôle de l'activité kinase de la RIPK1 dans la NASH, elle reste à être explorée pour évaluer son intérêt thérapeutique.