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Pour gérer des situations incertaines et complexes, la collaboration est envisagée depuis une quinzaine d’années par les entreprises, comme le mode d’organisation du travail le plus adapté. Ainsi, un concept a émergé en Sciences de gestion : l’intelligence collective (Lévy, 2007a; Malone et al., 2010 ; Zaïbet, 2007). Pour réussir sa mise en œuvre, les managers de proximité, pourtant situés au plus près des dynamiques collectives des équipes, sont ignorés ou pointés du doigt (Getz, 2017 ; Laloux, 2014). Cette thèse offre une vision alternative du concept dans la-quelle, la mobilisation de l’intelligence collective nécessite, le développement d’une capacité d’agir consciente et située des managers de proximité. En s’appuyant sur la théorie U (Scharmer, 2009a), méta modèle de transformation en intelligence collective fondé sur la dimension de présence (Senge et al., 2004), et sur la notion de situation de gestion (Girin, 1990), (Journé & Raulet-Croset, 2008), la thèse restitue l’analyse de 57 situations observées et de récits collectés en immersion auprès de 12 managers de proximité dans 6 entreprises à différents stades de transformation. L’analyse micro phénoménologique des données a permis d’élaborer une modélisation de l’intelligence collective et de la capacité d’agir consciente et située du manager de proximité, à rebours des modèles normatifs et performatifs habituels. En se focalisant sur des dimensions considérées comme non mesurables en gestion, telles que l’état intérieur d’un manager, ses gestes d’écoute et de connexion, cette approche de l’intelligence collective contribue aux recherches en Gestion des Ressources Humaines sur l’humanisation.