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Introduction : La recherche de facteurs prédictifs de dépression résistante est un élément important de la prise en charge individuelle des patients. L’objectif de cette étude était de définir un phénotype prédictif d’une évolution péjorative de dépression, en investiguant simultanément des variables socio démographiques, cliniques et neuropsychologiques. L’hypothèse était qu’un phénotype anxieux, dans ses caractéristiques cliniques et neuropsychologiques, soit prédictif d’une non réponse à 6 mois. Méthodes : Les patients présentant un épisode dépressif caractérisé étaient inclus dans une étude prospective monocentrique. Ils bénéficiaient d’une évaluation clinique et neuropsychologique à l’inclusion et à 6 mois par un psychiatre et un neuropsychologue. La réponse était définie par un score ≤2 à la CGI-I (Clinical Global Impression-Improvement) à la visite à 6 mois. Une régression logistique multivariée a été utilisée afin de déterminer les facteurs associés à la réponse et à la non réponse à 6 mois. Résultats : 107 patients ont été inclus, parmi eux, 50 ont complété les évaluations à l’inclusion et à 6 mois. La CGI-I a pu être mesurée chez 44 patients. 48% des patients étaient répondeurs. Les facteurs socio-démographiques et cliniques significativement associés à la réponse en analyse univariée étaient un âge plus élevé (OR=1,08 ; p=0,01) et un score élevé à l’Echelle de Ralentissement Dépressif (ERD) (OR=1,08 ; p=0,04), tandis qu’un score élevé à la STAI YB (OR=0,94 ; p=0,04), reflétant une anxiété trait élevée, et certains statuts professionnels étaient associés à la non réponse (p=0,04). Concernant les variables neuropsychologiques, des scores élevés au test de fluence sémantique (OR=0,89 ; p=0,03) et au Code (OR=0,94 ; p=0,02), évaluant les fonctions exécutives et la mémoire visuo-spatiale, étaient associés à la non réponse. L’analyse multivariée a mis en évidence la STAI YB (OR=0,93 ; p=0,03) et le Code (OR=0,93 ; p=0,02) comme étant prédictifs de la non réponse à 6 mois. Conclusion : Avoir une anxiété trait élevée et être plus performant à certaines tâches cognitives est associé à une évolution péjorative de la dépression. Cette étude met en évidence le rôle de l’anxiété dans l’évolution de la dépression et permet d’améliorer notre compréhension des modifications cognitives qu’elle induit chez le patient déprimé.