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Introduction : La prévalence des pyélonéphrites chez les enfants n’ayant pas acquis la propreté est d’environ 7%. Par conséquent les recueils urinaires dans cette population aux urgences sont des gestes très fréquents. Malgré les recommandations et sa supériorité prouvée en terme de fiabilité diagnostique, le sondage urinaire est souvent délaissé au profit de la poche à urine car considéré comme un geste invasif et douloureux. Objectif : Montrer la non infériorité, chez les enfants n’ayant pas acquis la propreté, de la douleur consécutive au sondage urinaire en comparaison à la douleur consécutive au retrait d’une poche à urine. Méthodes : Une étude monocentrique, prospective, observationnelle, de non infériorité, a été menée de juillet 2016 à janvier 2017 dans le service d’urgences pédiatriques du CHU de Rennes. Etaient inclus les patients de moins de 3 ans, n’ayant pas acquis la propreté et pour qui un prélèvement d’urine était indiqué en raison d’une suspicion d’infection urinaire. Un questionnaire d’évaluation de la douleur et du vécu du geste était remis au parent et au soignant ayant effectué le sondage ou le retrait de la poche à urine. Le critère de jugement principal était le score de douleur coté par le soignant, évalué au moyen d’une échelle visuelle analogique (EVA) de 10 points. Une marge de non infériorité de 2 points du score d’EVA entre le groupe sondage urinaire (SU) et le groupe poche à urine (PU) avec un risque alpha de 5% en unilatéral avait été déterminé au préalable. Résultats : 100 patients ont été inclus : 50 dans le groupe PU et 50 dans le groupe SU. L’âge moyen des enfants était de 10,2 mois +/- 8,25. La différence observée d'EVA évaluée par le soignant entre le groupe sonde urinaire (moyenne=1,9 ± 2,1) et le groupe poche à urine (moyenne=0,9 ± 1.5) était de 1,0 point avec une limite supérieure de l'intervalle de confiance à 95% de 1,6. La douleur ressentie lors du sondage urinaire est significativement non inférieure à celle causée par la poche à urine. Dans le groupe SU, 84% des parents et 77,6% des soignants ont jugé que le geste s’était « plutôt bien passé ». Conclusion : Le sondage urinaire n’est pas un geste plus douloureux que le retrait d’une poche à urine. L’argument de la douleur ne doit donc pas être une limite à l’utilisation du sondage urinaire mais doit conduire les soignants à respecter les recommandations actuelles au vu de la supériorité, prouvée, du sondage urinaire en terme de fiabilité diagnostique.